Evaluer, améliorer et faire connaître la biodiversité aéroportuaire, la démarche d’Aéro Biodiversité
Ces dernières décennies, plusieurs aérodromes ont été fermés, certains remplacés par
la suite par du « béton » sous la forme de bâtiments, avec ainsi la suppression d’une « zone verte » et sa diversité biologique, paramètre jugé important de nos jours. D’où la création de l’association Aéro Biodiversité en 2015 pour documenter cette biodiversité aéroportuaire (« Évaluer, améliorer, faire connaître »). L’objectif est de suivre les « grandes prairies vierges que sont les zones aéroportuaires en réserves du vivant, qui peuvent enrichir et être offertes
à tous les écosystèmes locaux ».
D’où le fait de faire appel, par souci de crédibilité, à un comité scientifique indépendant
dont l’objectif est de « proposer des méthodologies d’évaluation et de suivi de biodiversités, de valider les résultats obtenus, d’encadrer scientifiquement les travaux de terrain, d’émettre des souhaits de bonne conduite environnementale ». Ce comité scientifique, rejoint l’an passé par l’ancien directeur du Muséum national d’histoire naturelle, est « composé de spécialistes connus et libres venus d’horizons divers, expérimentateurs, théoriciens, responsables d’évaluations de terrain, associés à des associations de bénévoles ».
Avec un conseil d’administration mêlant acteurs de l’aviation commerciale, de l’aviation générale et du monde scientifique, et le soutien d’une cinquantaine de partenaires – principalement des aéroports, des chambres de commerces, des compagnies aériennes, des fédérations aéronautiques : FFA, FFVP, FFPLUM, FFP – l’association souhaite que « l’archipel vert que constituent les 500 aéroports ou aérodromes avec ses 500 km² disséminés partout en France contribue encore plus à la dispersion de la biodiversité, à la pollinisation, à la diversité des végétaux tout en permettant le développement du transport aérien ».
Pour ce faire, des programmes ont été développés avec notamment des cartographies et inventaires. Les salariés, permanents et saisonniers, de l’association vont sur le terrain. Spécialisés en botanique ou en ornithologie, mais aussi dans d’autres domaines (insectes, amphibiens…), ils se rendent deux à six fois sur chaque plateforme afin de réaliser des relevés et des prises de photographies concernant faune et flore observées. Ceci permet d’alimenter une base de données scientifiques avec des cartographies d’habitat pour chaque site.
En mars 2025, 18 saisonniers ont ainsi été formés (protocoles mis en place, contraintes aéroportuaires, utilisation du matériel et des logiciels…) lors d’une semaine de formation théorique avant une formation pratique de deux jours à Tours-Val de Loire, bénéficiant d’une vaste diversité d’habitats (prairies de différentes hauteurs, boisements, zones humides, hangars…). Les protocoles prévus sont mis en place, avec notamment identifications de plantes, écoutes d’oiseaux, suivi photographique des Insectes pollinisateurs, relevage de plaques à reptiles, mise en place d’enregistreurs à chauves-souris… Une sortie nocturne permet de documenter la présence de papillons de nuit et d’étudier la faune nocturne (chauves-souris, amphibiens et rapaces).
À ce jour, 80 aéroports et aérodromes ont rejoint le mouvement. 4.400 espèces végétales et animales ont déjà été recensées, dont 51 espèces d’orchidées notifiées, 350 espèces d’oiseaux observées et 29 espèces de chauve-souris enregistrées, le tout synthétisé dans des rapports annuels disponibles en ligne.
Depuis 2021 un label « aérobio » a été créé afin de valoriser le travail et l’engagement des plates-formes inscrites dans la démarche. Le label attribué pour une période de 5 ans
est basé sur l’évaluation de critères dans différentes thématiques reflétant l’engagement
de l’aérodrome dans la prise en compte de la biodiversité (investissement du personnel, communication et ancrage territorial). Avec un processus validé par le Bureau Veritas, cinq niveaux sont prévus. ♦♦♦
Photos © Aéro Biodiversité