Un quadriplace métallique de conception française…
Décidé en 2014 et programme lancé en 2015 sous la désignation G20, ce quadriplace de construction métallique (rivets à tête fraisée…), à train tricycle fixe, à portes papillon, motorisé par un Lycoming O-320 (160 ch), a fait récemment parler de lui avec l’obtention en décembre dernier du certificat de type délivré par la CAAC, la DGAC chinoise, première certification avant de passer à celle américaine (FAA) et européenne (EASA). Déjà présenté sur ce site, le G20 devenu par la suite le GA20 (pour General Aviation ?) à la demande des… autorités chinoises, a été développé par une équipe à forte présence française, le directeur technique étant Jean-Paul Vaunois.
Ce dernier présente l’appareil comme un « Delemontez en métal », reprenant des solutions techniques utilisées par Jean Delemontez sur la série des DR, dont la définition du profil de voilure et les apex de voilure pour les réservoirs. Après un roll-out en mai 2018 (photo ci-dessus), le premier vol du prototype intervient le 3 septembre 2018 avec Christian Briand, ancien chef-pilote de la Socata, aux commandes.
Le programme d’essais en vol est poursuivi par Christian Briand et Daniel Müller, ancien pilote d’essais des Avions Robin. La certification est alors annoncée pour 2019 avec une production prévue ensuite à la fois en Chine et en France, avec une usine prévue dans le sud-ouest, mais le calendrier va déraper pour diverses raisons, d’un côté les nombreux « freins » créés par la bureaucratie et de l’autre, la pandémie du Covid-19.
Le confinement durant deux semaines des pilotes d’essais français à l’arrivée sur place, dans un hôtel « quasi-prison », la lenteur des autorités, la difficulté parfois à obtenir une autorisation de vol par les autorités militaires qui contrôlent l’aéroport alors que l’appareil est au point d’attente, vont considérablement rallonger le calendrier qui prévoyait, initialement, une capacité de production de 200 machines par an dès 2022 avec une usine, un bureau d’études, un centre de maintenance et une unité de formation à Nanchang. Il faudra ainsi attendre le 2 janvier 2022 pour voir voler le second prototype – plus de trois ans après le premier… – aux mains d’un pilote chinois, les pilotes français ayant jeté l’éponge.
Le prototype MSN1 n’est pas conforme à la série pour les essais de certification, suite à des modifications apportées sur la celllule. Les essais statiques débutent en janvier 2022. Le second prototype (MSN2) est prévu en configuration IFR, avec un Lycoming O-320 accouplé à une hélice Sensenich. A 75% de la puissance et au FL080, la vitesse de croisière annoncée est de 245 km/h, la consommation devant atteindre 32 l/h pour une distance franchissable de 1.200 km. Le taux de montée est de 3,4 m/s. La Vne est fixée à 360 km/h.
Mais le programme va être à nouveau chamboulé par l’emprisonnement de Songhua Zhu, le patron de Guanyi Aviation, la société fondée en 2009 à Shanghai et baptisée du prénom de son fils. Le « tribunal de discipline » a décidé de l’incarcérer dans des conditions difficiles (peu de nourriture, peu de relations avec sa famille et son avocat, sans lien de communication avec l’extérieur) avant de mener l’enquête, recherchant des malversations financières. Certains membres de l’équipe française seront interrogés par visio-conférence. Songhua Zhu sera finalement libéré fin novembre 2024 peu avant la délivrance de la certification du GA20 le 2 décembre suivant, avec cérémonie grandiose couverte par la presse chinoise.
Soutenu par le groupe étatique AVIC, omniprésent, et ses différents fournisseurs, le patron de Guanyi Aviation attend désormais les « instructions » du gouvernement pour la suite, via des « investisseurs » devant permettre la poursuite du programme. Depuis, Cirrus Aircraft et Diamond Aircraft ont été repris par des capitaux chinois et l’avenir du GA20, suite à son développement retardé, est moins assuré face à la concurrence évoquée dans cette série d’articles, notamment avec le SR10/AG100 prévu également pour les écoles de pilotage chinoises. Le choix des fournisseurs d’appareils est de plus limité par décision gouvernementale. La production pourrait voir le jour à Nanchang ou à Shanghai. Dans les cartons figurent toujours l’hypothèse d’une unité de production en France et le développement d’une gamme d’appareils avec notamment une version à Lycoming 210 ch pour concurrencer Cirrus SR20 et Tecnam P2010. ♦♦♦
Photos © Guanyi Aviation