Ou l’effet boomerang en matière de droits de douane…
Sous le titre « Comprendre la position de leader de l’industrie aéronautique américaine », la General Aircraft Manufacturers Association (GAMA) s’inquiète de la décision annoncée samedi dernier par l’administration Trump d’imposer des droits de douane au Canada, au Mexique et à la Chine, soulignant « les contributions significatives du secteur industriel américain de l’aviation et sa position de leader mondial ».
Pour la GAMA, « l’industrie de l’aviation générale génère une production annuelle de 247 milliards de dollars et soutient plus de 1,1 million d’emplois aux États-Unis. En 2023, les constructeurs américains d’aéronefs à voilure fixe ont exporté un total de 490 avions à piston, turbopropulseurs et jets, ce qui représente environ 24,6 % du nombre total d’aéronefs produits. La valeur de ces exportations est estimée à 5,2 milliards de dollars, soit environ 46 % de la facturation totale des constructeurs américains d’aéronefs à voilure fixe ». Aussi, « compte tenu de la nature mondiale de l’industrie aéronautique, les droits de douane proposés, ainsi que les droits de douane réciproques potentiels, pourraient avoir un impact énorme et de nombreuses conséquences imprévues sur l’industrie ».
La GAMA précise que « l’excédent commercial et la compétitivité mondiale de l’industrie aéronautique américaine ont bénéficié de l’exclusion générale des droits de douane, grâce à l’utilisation d’accords bilatéraux solides en matière de sécurité entre les États-Unis et d’autres pays pour faire progresser la sécurité aérienne et faciliter efficacement la circulation des produits au niveau mondial ». De plus, « ces accords ont conduit à des investissements stables et accrus dans la recherche et le développement, l’ingénierie, les processus de fabrication avancés et l’innovation ».
Avec des difficultés au niveau de la chaîne d’approvisionnemnt mondiale dans le sillage de la pandémie du Covid-19, « dont la mise en place peut prendre des années, étant donné qu’elle repose sur des fournisseurs dotés de capacités uniques, très réglementées et donc difficilement remplaçables », les droits de douane envisagées devraient affecter la chaîne d’approvisionnement mondiale, au détriment des constructeurs américains ! Car le temps de recréer un réseau de fournisseurs, avec l’approbation réglementaire de la FAA, prendra du temps, ce qui pourrait « compromettre les contrats, la sécurité et la conformité, la qualité et la valeur pour le consommateur ».
La GAMA affirme que « le secteur de la maintenance, de la réparation et de la révision (MRO), qui emploie près de 210.000 personnes aux États-Unis, est également concerné ». Si les pièces et les produits utilisés dans ces activités sont soumis à des droits de douane, cela pourrait mettre en péril la viabilité des ateliers et de leur main-d’oeuvre qualifiée, avec le risque de délocaliser hors Etats-Unis des chantiers de maintenance suite à l’augmentation
des coûts.
Bref, y a-t-il un pilote à la Maison Blanche ? ♦♦♦
Photo © Textron Aviation