Fermeture de l’aérodrome par arrêté ministériel en date du 8 février jusqu’au 31 mars 2025.
Le 21 janvier dernier en fin de journée, par un simple SMS, le président de l’association de défense de l’aérodrome de Salon-Eyguières (LFNE) était informé de la fermeture dès le lendemain de la plate-forme jusqu’à la fin mars, sans aucune autre information ou échange au préalable. Le maire avait ainsi décidé sans concertation de la fermeture de l’aérodrome pour plus de 2 mois. Cela fait au moins quatre ans que les relations ne sont pas au beau fixe entre le maire, Henri Pons, et les usagers de l’aérodrome (avion, planeur, ULM, hélico, modèles réduits).
Le dernier épisode en date remonte au 17 janvier dernier, quelques jours seulement avant la décision du maire de suspendre l’activité du terrain par Notam. Il venait en effet d’être débouté en justice face aux élus de l’opposition de la commune. Le tribunal administratif de Marseille a en effet décidé d’annuler le contrat de concession, initié par la mairie pour le « nouveau projet de l’aérodrome de la commune », au profil de la société Sézame, ce, par délégation de service public. Le projet visait à écarter l’AUPASE, association regroupant les usagers et propriétaires d’aéronefs, qui assurait la gestion du terrain depuis de nombreuses années.
Selon la presse locale, lors de la cérémonie des voeux du maire le 14 janvier dernier, ce dernier avait traité de « squatters » les usagers de l’aérodrome. La décision de justice du tribunal administratif a annulé dans les faits, trois jours plus tard, le projet de la mairie pour « réhabiliter et développer l’aérodrome de Salon-Eyguières », point de discorde et de conflit judiciaire ayant entraîné la signature d’une pétition s’opposant à ce projet par 11.000 personnes.
Il n’y avait donc plus d’exploitant déclaré, en attendant que la mairie fasse appel ou non du jugement, qu’elle décide ou non de lancer un nouvel appel d’offres pour la gestion de la plate-forme. Il était alors question pour la mairie d’aller jusqu’au Conseil d’Etat si besoin pour faire aboutir le contrat de concession envisagé. S’appuyant sur l’absence de gestionnaire et sous couvert de « sécurité des usagers » (!), la mairie avait donc décidé quelques jours plus tard que la fermeture de l’aérodrome était la seule solution, décision brutale que la presse locale, pourtant généralement peu critique envers le pouvoir politique, présente la décision comme une possible mesure de rétorsion contre les usagers de l’aérodrome…
Mais nouveau coup de théâtre ce samedi 8 février 2025, le Notam indique désormais que l’aérodrome est fermé par arrêté… ministériel en date du 5 février 2025, ce dernier étant aussitôt publié au Journal officiel de la République française ce 8 février. On est ainsi passé d’un Notam « communal » à un Notam « ministériel ».
Et effectivement, le JORF publie l’arrêté du 5 février 2025 « portant fermeture… temporaire de l’aérodrome de Salon-Eyguières (Bouches-du-Rhône) ». S’appuyant sur des courriers du maire en date des 24 et 25 janvier derniers, la DGAC a fermé l’aérodrome à toute circulation aérienne jusqu’au 31 mars compris, « considérant l’impossibilité temporaire invoquée par la commune d’Eyguières d’assurer l’exploitation de l’aérodrome de Salon-Eyguières, à la suite de l’annulation du contrat de délégation de service public aéroportuaire conclu entre la commune d’Eyguières et la société Sézame, prononcée par jugements du tribunal administratif de Marseille le 17 janvier 2025 ; considérant que cette situation constitue un changement qui présente des risques pour la sécurité des usagers de l’aérodrome de Salon-Eyguières, lesquels n’ont fait l’objet ni d’une analyse préalable ni de mesures correctives éventuelles »…
L’article 2 précise que « par dérogation à l’article 1er, le décollage, sans possibilité de retour, d’un aéronef présent sur l’aérodrome au jour de l’entrée en vigueur du présent arrêté, peut être autorisé par la direction de la sécurité de l’aviation civile sud-est, à la demande du pilote en charge de l’exécution dudit décollage. La demande de décollage doit être formulée à l’adresse suivante : dsac-se-dsr-rna@aviation-civile.gouv.fr Chaque demande de décollage définie à l’alinéa 1er est examinée au regard des seuls critères suivants : type de l’aéronef et état de l’aérodrome de Salon-Eyguières ».
L’arrêté précise bien « fermeture temporaire »– comme le Notam ayant toujours le 31 mars 2025 comme butée – en espérant simplement que ce n’est pas juste un artifice pour gagner du temps et passer ensuite du temporaire à la durée prolongée… pour jouer la montre. A voir l’en-tête de la fiche VAC de Salon-Eyguières, de multiples activités sont concernées : avion, hélicoptère, planeur, ULM, aéromodélisme… On n’imagine pas un instant que le CNFAS (Conseil national des fédérations aéronautiques et sportives) ne soit pas au courant et ne se soit pas déjà penché de près sur le dossier. On peut quand même regretter l’absence totale de communication sur ce dossier si l’on consulte les sites internet des fédérations concernées… Un maire s’arrange pour suspendre brutalement toute activité d’un aérodrome et il ne se passe rien. De nos jours, où tout est question de rapport de force et de communication, le silence n’est assurément pas la bonne solution. ♦♦♦