Maintien en état de vol d’un bombardier d’eau…
Le Tracker S-2FT ou Turbo Firecat est un bombardier d’eau proposé par la société Conair Aviation sur la base du Grumman S-2 Tracker prévu pour la lutte anti-sous-marine dans les années 1950. Après leur acquisition suite au retrait de service en 1976, Conair Aviation a assuré la modification des appareils notamment au bénéfice de la Sécurité civile française. En 1988, le type sera remotorisé avec des turbines PT6A développant 1.500 ch remplaçant les Wright en étoile.
Basés à Nîmes-Garons, les Tracker de la Protection civile seront ainsi utilisés pour larguer
du retardant lors des départs de feu, avant un éventuel largage d’eau par les Canadair.
Les Tracker ont été retirés du service en février 2020, remplacés par des Dash dès 2005 avec un emport plus important.
C’est là qu’est né le projet du musée européen de l’Aviation de chasse (MEAC, Montélimar) pour obtenir un Conair Tracker. Des dossiers ont été déposés officiellement avec l’aide de l’Amicale des Pompiers du Ciel. Le dossier, en vue de la préservation du patrimoine et du développement du musée, prévoyait un maintien en état de vol avec des démarches entreprises auprès de la DGAC au niveau d’un programme de formation pour la requalification des pilotes ainsi qu’un programme d’entretien, l’appareil devant être classé en CNRAC.
Après analyse des différents avions et de leurs potentiels, le choix s’est porté sur le T24, refait
à neuf et disposant de potentiel. Un accord de principe étant obtenu, il a fallu récupérer
les atterrisseurs du T07 venant de sortir de révision pour remplacer ceux du T24 qui étaient corrodés. Ce premier chantier de changement de train a eu lieu durant 3 semaines en novembre 2023, assuré par une équipe du musée.
Un chantier de vérification de la cellule a été entrepris au niveau des différents systèmes (hydraulique, électrique, avionique, étanchéïté des portes à eau, turbines, etc.) avant
la remise en route. Le premier point fixe est intervenu fin mai 2024. Un tri a été effectué pour identification de toutes les pièces détachées et éléments récupérés lors de la cession de l’avion avant convoyage vers Montélimar.
En 2024, une grande visite a été attaquée avec notamment une inspection des turbines, inactives depuis quatre ans. Puis ce furent les essais de train d’atterrissage avant le premier démarrage moteur et le point fixe, imposant un réglage du régulateur d’hélice d’un des deux GMP. Après quelques essais complémentaires, ce sera le « premier vol » le 9 septembre dernier effectué par Axel Valat (pilote d’essais) et Philippe Roux (ancien pilote de Tracker),
ce après un an de travaux et quatre années d’immobilisation du T24.
En fin de mois, une mise en eau au pélicandrome de Nîmes était effectuée avec 2.000 litres embarqués en soute – sans fuites. Le 20 septembre 2024, le CNRAC était délivré pour le biturbopropulseur désormais immatriculé F-AYKM.
Un programme de formation des pilotes pour obtention ou renouvellement de la qualification de type S2FT a été rédigé avant validation par la DSAC. Elle comprend la formation au largage d’eau pour des simulations envisageables lors de démonstrations en meeting, le tout via un Manuel d’activité particulier (MAP).
Le dossier a été bouclé après 2.500 heures réparties entre travail sur l’appareil et démarches administratives. Lors du dernier Grand Prix du Patrimoine (AeCF), le musée européen de l’Aviation de Chasse s’est vu décerner le 3e prix avec la coupe Fondation Antoine de Saint-Exupéry. Il viendra compléter le North American OV-10 Bronco également maintenu en état
de vol par le MEAC. ♦♦♦
Photos © MEAC