La réplique échelle 1 de l’Avionnette Peyret du pilote Alexis Maneyrol…
Pionnier de l’aviation, Alexis Maneyrol est peu connu de nos jours. Ce n’était pas le cas au début du siècle précédent. Né à Frossay, près de Nantes, en 1891, il est devenu mécanicien s’intéressant aux débuts de l’aviation. Il obtient son brevet de pilote en 1911 et achète
un Blériot. Pour financer le tout, il participe à des fêtes aériennes prisées du public.
Les présentations en vol et les « exploits », comme passef sous le pont transbordeur de Nantes, lui apportent la notoriété.
Breveté militaire en 1915, il va accumuler les missions de reconnaissance et de chasse sur Nieuport avant de rejoindre Le Bourget pour réceptionner les appareils destinés aux unités combattantes. Après guerre, on le retrouve chez Morane-Saulnier. En 1919, il effectue un Paris-Rome en près de 6 heures de vol. En 1911, il établit un record du monde de durée en planeur avec 3h23 sur un monoplan conçu par Louis Peyret. Battu par Joseph « Tempête » Thoret (7h03), il reprend son record début 1923 avec 8h05. Pouf le vol motorisé, en août 1923, il remporte une épreuve de durée à Vauville avec 4h22.
Le 13 octobre 1923, à Lympne en Angleterre, Alexis Maneyrol compte battre son propre record d’altitude (3.400 m) avec une avionnette conçue par Louis Peyret. Mais lors de la descente,
la voilure va se rompre et c’est la chute mortelle. Une stèle sera érigée à Frossay. Des rues
et des écoles portent toujours son nom de Nantes à Meudon en passant par Pornic. À Vauville, le « Camp Maneyrol », site de vol à voile qu’il a créé en 1923, perpétue sa mémoire.
Pour commémorer le centenaire de la disparition du pionnier, l’association Les Aéroplanes, a décidé en juillet 2020 de construire une réplique à l’échelle 1 de cette avionnette avec laquelle il a trouvé la mort. Avec pour but la préservation du patrimoine historique de l’aéronautique, principalement dans la région nantaise, l’association conserve avions, planeurs, moteurs, documentation et construit des répliques d’appareils ayant marqué une étape importante dans l’évolution aéronautique, avec pour objectif des expositions ou présentations statiques.
D’où la réplique de cette avionnette avec pour principale difficulté l’absence de tout vestige
de l’appareil – ce n’est qu’en fin de chantier qu’un descendant de Maneyrol présentera à l’association un fragment de l’hélice originale – et une documentation technique très limitée, se résumant à des articles de presse de l’époque mais sans plan détaillé de l’appareil, seulement quelques croquis et 7 photographies désormais centenaires…
Louis Peyret n’est pas inconnu pour qui s’intéresse aux débuts de l’aviation. Il a travaillé en effet pour Gabriel Voisin puis Louis Blériot, réalisant plusieurs appareils pour ce dernier dont le modèle XI de la première traversée de la Manche en juillet 1909. Peyret rejoindra Morane-Saulnier en 1913, participant à la mise au point du tir au travers du disque hélicoïdal. Par la suite, il concevra des appareils pour la société Mauboussin dont l’un réalisera un aller-retour Paris-Madagascar.
D’après un plan 3-vues d’époque, les dimensions de l’avionnette ont pu être déterminées
avec 9,85 m d’envergure pour 5,57 m de longueur. L’engin pesait 240 kg à la masse maximale. Son moteur 4-cylindres réducté Sergant, de 16 ch et pesant 46 kg, devait le propulser à
80 km/h avec un plafond estimé entre 3.500 et 4.000 m. Les bénévoles des Aéroplanes ont
donc dû partir de la feuille blanche avec un fuselage formé de cadres en contreplaqué, réunis par quatre longerons, le tout revêtu de contreplaqué.
Pour les voilures, la structure a reposé sur deux longerons en duralumin et des nervures en contreplaqué, le revêtement étant à base de toile caoutchoutée. La structure des voilures est renforcée par les haubans.
Aucun moteur Sergant n’ayant été retrouvé en France et à l’étranger, un plan a été refait
à partir du descriptif et des photos de presse de l’époque. Les pièces de chaudronnerie
ont été réalisées en impression 3D. L’hélice en bois a été taillée aux dimensions originales.
La décoration s’est inspirée de celle apparaissant sur les photos.
Cette réplique a servi à la commémoration du centenaire de la disparition d’Alexis Maneyrol, en présence de la famille et d’un arrière-petit-neveu du pilote mais aussi à des journées réservées aux scolaires. Au dernier Grand Prix du Patrimoine (AeCF), Les Aéroplanes ont reçu un diplôme de finaliste pour cette réplique. ♦♦♦
Photos © Les Aéroplanes