Remise en état de vol d’un Yak-3UA.
Ce chantier de remise en état remonte à 2014 quand Edmond Salis achète et importe des Etats-Unis une cellule de Yak-3 et les plans fixes et mobiles d’un Yak-11. Il s’agit du dernier Yak modifié au Texas par le Français Jean-Marie Garric. Ce dernier a reconstruit une série de six Yak-3 sur la base d’un fuselage original de Yak-3U avec un moteur Klimov VK-107. L’immatriculation F-AYAK est alors réservée sur le registre des CNRAC pour un Yak-3UA.
Fin 2016, Frédéric Olivier rejoint le projet et un dossier technique de reconstruction est déposé auprès de la DSAC. En 2021, Frédéric Olivier acquiert l’appareil et prend en charge la totalité
du projet.
Chef de projet, avec l’expérience de la restauration d’un North American SNJ et la construction en CNRA d’un Cap-10, Frédéric Olivier s’entoure d’une équipe aux multiples compétences dans divers domaines : électricité, hydraulique, chaudronnerie, entoilage, peinture
La cellule quitte alors La Ferté-Alais pour Blois-Le Breuil et l’association Aéro Passion, créée en 1998 et qui a pour but de « maintenir en état, de construire ou de restaurer des avions et de les présenter en vol ». En 2016-2017, la cellule est mise à nue et calculs et modifications des tubes de cellule sont entrepris pour transformer l’appareil en biplace. Deux ans plus tard, un Allison V1710 est acquis.
L’année 2020 sera utilisée pour équiper l’aile, installer les réservoirs principaux et auxiliaires, réaliser la peinture, l’installation moteur sans oublier de la chaudronnerie pour la cellule et la conception de la verrière rallongée par Métalavia, avec glissières et cadres de verrière. Ce sera alors l’aménagement du cockpit, l’installation électrique, la connexion des gouvernes, les essais hydrauliques des volets et train d’atterrissage, la restauration du tunnel de refroidissement avant la mise en croix à l’été 2021.
Début 2022, l’hélice est mise en place avec des travaux de finition, de multiples réglages avant les premiers points fixes. C’est le 5 mai 2022 qu’a lieu le premier vol, aux mains de Frédéric Olivir, mais il faudra encore plus d’un an pour mener à bien divers travaux complémentaires et achever les vols d’essais.
Dès le début du projet, l’association Aérodyne a été impliquée dans le projet. C’est l’association d’étudiants de l’IUT de Cachan, emmenée par leur professeur de construction mécanique, Matthieu Barreau, avec de nombreux projets de construction en cours (Super Emeraude, Jodel D-18). Ils ont apporté leurs compétences en matière de rétro-ingénierie, en réalisant pièces (tableau de bord, réservoir auxiliaire, entrée d’air du carburateur, palonniers, console de commandes moteur, etc.) et mécanismes (système de blocage de roulette arrière, guignols de volets de refroidissement), après modélisation sur CAO, maquettage en bois après découpe au laser, mise au point d’outillages et des techniques d’assemblage, usinage, traitement de surface et tests – une excellente opportunité pour de futurs techniciens et ingénieurs aux prises avec du concret…
Le projet du Yak a compté des modifications majeures comme la transformation des systèmes de commandes des trains et volets passant du pneumatique à l’hydraulique, la création de commandes de vol doublées après modification du treillis de fuselage, le remplacement du moteur Klimov M105 d’origine par un Allison V1710 plus fiable et la réalisation de son imposant cône d’hélice.
La décoration retenue est celle d’un Yak-3 d’un as soviétique (31 victoires), Alexander Nikolaevich Sitkovsky.
Les deux photos suivantes – de la récupération initiale de la cellule à l’appareil au point fixe après restauration – montrent le travail effectué sur plusieurs années avec des interventions dans de nombreux domaines : conception, électricité, hydraulique, commandes de vol, circuits carburant…
Aéro Passion, avec ce Yak-3UA, a récemment remporté le Grand Prix du Patrimoine (AeCF) avec la Coupe Fondation Ailes de France. ♦♦♦
Photos © Aéro Passion et Aérodyne