Le Conseil d’Etat a tranché…
On s’en souvient, pour les Jeux olympiques de Paris à l’été 2024, un service de transport par « taxi aérien » entre Issy-les-Moulineaux et une barge sur la Seine au niveau de Bercy avait été imaginé, après que l’aérodrome de Pontoise ait servi de centre d’essai pour un vertiport
– programme soutenu par Aéroports de Paris, la RATP, la région Ile-de-France et la DGAC.
ADP sur son site indiquait initialement fin 2020 une expérimentation prévue avec une flotte d’une dizaine de biplaces VoloCity pour effectuer 2 à 3 vols par… heure. Après un an de campagne d’essais à Pontoise, le bilan était tombé à « plus de 20 vols réalisés » et « près de 200 km parcourus ». Finalement, après avis défavorable de l’Autorité environnementale et des élus municipaux de Paris, et surtout faute d’avoir acquis la certification pour le VoloCity de la société allemande Volocopter, eVTOL retenu pour ce transport par « taxi aérien », le service envisagé avait transmuté fin juillet dernier en une expérimentation, sans passager à bord, et ce avec une période devant s’étaler jusqu’à la fin 2024. La barge avait bien été réalisée et mise en place près d’Austerlitz.
Et au final… aucun vol n’eut lieu durant les JO même si le patron d’ADP, Augustin Romanet, soutenait que l’expérimentation serait menée à son terme jusqu’à fin 2024. Une tentative aurait même été envisagée avec la réouverture de Notre-Dame ! En novembre dernier, las, le conseil régional d’Ile-de-France, dirigé par Valérie Pécresse, avait déjà annulé une subvention de 1 million d’euros accordée 12 mois plus tôt à ADP, invoquant les « retards du projet, techniques et réglementaires ».
Ce 18 décembre, le château de cartes s’est un peu plus écroulé, le Conseil d’Etat ayant annulé l’arrêté autorisant l’implantation d’une plate-forme à Paris intra-muros pour permettre décollages et atterrissages sur la Seine. La plus haute juridiction administrative a souligné plusieurs points dont l’absence de consultation de l’Autorité de contrôle des nuisances aériennes (Acnusa), comme c’est prévu par la loi. L’État a été condamné à verser 3.000 € à l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA) et 3.000 € à la ville de Paris,
pour frais de justice.
Désormais, ADP et le ministère des Transports (la RATP n’apparaît plus…) préfèrent parler d’une prochaine utilisation de ces eVTOL en évacuation sanitaire ou transports d’organes, et non
plus en taxis aériens… luxueux au vu des coûts d’exploitation et des limitations d’emport. La « vitrine » imaginée pour ce moyen de transport présenté comme « innovant et décarboné » n’aura donc pas vu le jour. ADP aurait voulu ainsi démontrer la faisabilité d’un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces eVTOL entre plusieurs vertiports, en région parisienne, à Issy-les-Moulineaux, mais aussi à Pontoise et Saint-Cyr l’Ecole. ♦♦♦
Photo © Volocopter