Cirrus Aircraft et le marché de l’aviation générale… outre-Atlantique.
Le 16 décembre dernier, Cirrus Aircraft a décroché la certification EASA pour ses SR série G7, en même temps que la certification CAA puisque, Brexit oblige, le marché anglais ne s’atteint plus désormais via l’EASA… La série G7 concerne tous les monomoteurs soit les SR20, SR22 et SR22T, avec notamment la suite Garmin Perspective Touch+ et ses écrans tactiles. Avec un « nouveau » modèle chaque année ou presque, pour susciter l’envie de « grimper » en modèle dernier cri au niveau des propriétaires, Cirrus Aircraft a su capter une nouvelle catégorie de clients voyant dans un SR non pas la passion du vol mais un simple moyen de transport personnel… Il faut donc s’attendre dans un avenir proche à un G8 !
Sur les trois premiers trimestres de 2024, la General Aircraft Manufacturers Association (GAMA) a annoncé la livraison par ses membres de 1.221 appareils à pistons répartis en 1.090 monomoeurs et 131 multimoteurs. Pour Cirrus, sur cette même période, 419 ventes ont été enegistrées réparties en 103 SR-20, 91 SR-22 et… 225 SR22T, montrant que c’est toujours le haut de gamme de la série SR, à la plus value la plus importante, qui arrive en tête, avec des prix à l’unité qui peuvent dépasser le million d’euros ! Ainsi, Cirrus a atteint 38% des ventes de monomoteurs à pistons et pour la 20e et quelques années successives, le constructeur de Duluth devrait maintenir une nouvelle vois sa première place pour les monomoteurs à pistons sur son segment de marché. Pourquoi changer une politique marketing qui marche ?
Les trois « majors » américaines historiques de l’aviation générale – Cessna, Piper et Beechcraft – ont depuis longtemps abandonné le segment du monomoteur de hautes performances à destination d’une clientèle privée. Cessna n’a pas proposé d’évolutions majeures de ses modèles 182, simplement modernisés au niveau de la planche de bord, maintenant en production les 172, 182 et 206 déjà bien amortis. Piper de son côté a stoppé depuis des années la production de ses monomoteurs à piston à train rentrant (type PA-28/201RT Saratoga SP) en glissant vers les monoturbopropulseurs plus lucratifs.
Quant à Beechcraft, dont le Bonanza avec plus de 18.000 ventes enrgistrées par le passé a monopolisé ce marché durant les Trente Glorieuses, le constructeur de Wichita n’a pas voulu répondre aux attentes de cette nouvelle clientèle constituée d’utilisateurs plus que de pilotes, avec notamment l’attrait du parachute intégral – le coût de certification d’un tel système n’étant pas jugé rentable par rapport aux profits engrangés avec les biturbopropulseurs série Super King Air sans parler de la gamme des biréacteurs. D’où sur les trois premiers trimestres 2024, la vente de seulement… 4 Bonanza G36 – un taux de production qui n’a rien de rentable pour une chaîne d’assemblage, alors que celle-ci avait été mise en suspens par le passé…
Pour l’année 2023 avec les statistiques figées sur 12 mois, la vente de 1.508 monomoteurs à pistons et… motorisation électrique avait été enregistrée. Pour les pistons, le marché américain avait alors représenté 77,1% du total contre seulement 9,5% pour l’Europe, le reste se répartissant sur l’Asie Pacifique (7,2%), l’Amérique latine (4,1%) et le Moyen Orient/Afrique (2,1%). Pour les turbopropulseurs, l’Amérique du Nord arrivait en tête avec 53,6% des ventes contre 16,9% pour l’Europe. Au niveau des jets, les chiffres étaient respectivement de 74,9% et 12,1%. En additionnant tous les segments (pistons, turbines, réacteurs), l’Amérique du Nord atteignait ainsi 71,1% des ventes mondiales contre 11,9% pour l’Europe, confirmant – rien de nouveau sous le soleil depuis 1945… – que le marché de l’aviation générale, né aux Etats-Unis, se trouve bien outre-Atlantique. ♦♦♦
Photo © Cirrus Aircraft