De la passivité des fédérations aéronautiques face aux préfectures…
Le dossier des gens du voyage à Laon-Chambry n’en finit pas de s’éterniser. On était resté sur la menace de voir arriver 600 caravanes ce 22 août dernier, menace finalement écartée avec un report de date pour le déplacement et l’orientation de la préfecture pour retenir l’ancienne base de l’Otan à Couvron comme aire d’accueil.
Ce lundi 26 août, l’aéro-club de Laon, par l’intermédiaire de son président Matthieu Cabau, a diffusé un communiqué de presse, intégralement repris ci-dessous, où l’association « exprime sa vive inquiétude face à la situation actuelle à l’aérodrome de Laon-Chambry. Depuis des semaines, l’aéro-club de Laon, l’une des plus anciennes associations du Laonnois avec près de 80 ans d’existence, a sollicité à plusieurs reprises la préfecture de l’Aisne pour l’organisation d’une table ronde réunissant l’ensemble des acteurs concernés par l’avenir de l’aérodrome de Laon-Chambry ».
« Cependant, aucune réponse n’a été apportée à nos demandes, malgré l’importance historique et associative de notre aéro-club dans la région. Plus inquiétant encore, alors que des discussions ont récemment été entamées entre la Préfecture, l’Association Grand Passage (AGP) et la Communauté d’Agglomération du Pays de Laon, la situation reste dans une impasse. Une réquisition émanant du préfet est attendue depuis plusieurs jours sur un terrain qui n’est pas l’aérodrome de Laon, mais à ce jour, aucune mesure concrète n’a été prise ».
« Cette lenteur conduit à une situation préoccupante ! En dépit des consignes pourtant claires du président de l’AGP à savoir « l’installation ne sera pas sur l’aérodrome de Laon » (L’union du
22 août 2024), des membres de la communauté des gens du voyage ont commencé ce dimanche 25 août 2024 des repérages en vue d’une installation massive sur un site qui ne leur est pas autorisé, outrepassant par la même occasion les règles élémentaires de sécurité aéronautique en circulant sur les pistes et taxiways. Cela crée une situation d’instabilité et d’incertitude pour l’aérodrome et un très fort mécontentement de ses utilisateurs restés dignes et calmes jusqu’à présent ».
« L’aéro-club de Laon regrette profondément cette situation et exhorte à nouveau la préfecture de l’Aisne, l’association AGP et la Communauté d’Agglomération du Pays de Laon à finaliser les discussions pour que ce rassemblement hors norme ne s’installe pas sur les pistes et les taxiways en herbe de l’aérodrome de Laon. Dans l’attente, les membres de l’aéro-club de Laon et les soutiens de l’aérodrome se préparent à défendre l’aérodrome contre toute installation non autorisée ».
La récente incursion « d’éclaireurs » des gens du voyage sur la piste de Laon-Chambry, documentée par photos – deux représentants de la communauté des gens du voyage se trouvaient sur les pistes et les taxiways alors même qu’un avion était en tour de piste, l’obligeant à faire une remise de gaz – est-elle une initiative individuelle, à l’insu des dirigeants d’AGP, ou toute la communication préfectorale diffusée par la presse régionale sur le choix de la base de Couvron n’a-t-elle été qu’une duperie, un processus de désinformation pour apaiser les tensions et ensuite passer en force à la dernière minute ?
Le problème des gens du voyage à Laon n’est pas qu’un problème local lié à Laon. C’est un problème national, comme le prouvent d’autres aérodromes pris comme aires d’accueil avec l’aval tacite des autorités de l’État – le prochain programmé est le terrain de Bourg-en-Bresse. Dans une démocratie, ou qui prétend encore l’être, il n’est pas concevable que l’activité de citoyens soit empêchée par une violation du droit, à savoir l’invasion d’un aérodrome pour s’y implanter plusieurs jours ou plusieurs semaines, avec bien souvent des dommages à gérer et à financer à l’issue.
Mais quand les fédérations aéronautiques vont-elles réellement monter au créneau sur ce sujet ? interpeller le ministre de l’Intérieur par une conférence commune avec lettre ouverte adressée à la presse. Il ne suffit pas de s’arrêter à une simple missive adressée à un préfet qui n’a que faire du droit ou un article publié dans un organe fédéral pour dresser l’état de la situation… Ce ne sont que les premières marches d’une procédure nécessitant de monter un escalier. Il n’est pas normal que les associations aéronautiques subissent les lacunes de l’Etat et des agglomérations en matière d’aires d’accueil des gens du voyage.
Ne rien faire revient à être complice du dossier en cours à Laon. Une réaction énergique du mouvement aéronautique est la seule issue pour faire reculer le préfet. Et le mouvement aéronautique, ce sont l’ensemble des fédérations aéronautiques représentées par leurs dirigeants qui doivent assurément élever la voix, bien trop timide depuis des années. Une procédure juridique devrait être entamée pour prise en compte des dommages par l’Etat et non pas laisser la charge financière finale aux clubs. La diplomatie par courriers n’est plus de mise à l’époque des rapports de force… Le sursaut, c’est maintenant ! ♦♦♦
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