Suite et fin pour le dossier Gens du voyage à Laon-Chambry…
Jusqu’à ces derniers jours, l’inquiétude régnait à Laon-Chambry avec les utilisateurs de la plate-forme (aéro-club vol moteur, club ULM, propriétaires privés), mis de côté par le préfet lors des négociations concernant l’arrivée programmée de 600 caravanes, et donc sous la menace, comme les années passées, de les voir débarquer sur les pistes et taxiways de l’aérodrome, avec cessation d’activité et dépenses financières à l’issue pour une remise en état des infrastructures. Une reconnaissance à pied du terrain par des gens du voyage, il y a quelques jours à peine, laissait sérieusement planer la menace…
On notera que les multiples négociations mises en place par la préfecture de l’Aisne ces derniers temps ont permis de réunir autour de la table, au-delà des services de sécurité (police, gendarmerie), la Communauté d’Agglomération du Pays de Laon (présidée par le maire de… Laon) et l’Association Grands Passages (AGP) gérant les déplacements des gens du voyage. Ainsi, seule une partie avait droit à la parole (l’AGP) mais pas les associations implantées sur l’aérodrome et pourtant partie prenante des décisions à venir… Déni de démocratie avéré de la part d’un haut fonctionnaire de l’État.
En ayant joué la montre jusqu’au bout, le préfet de l’Aisne, Thomas Campeaux, a finalement signé ce 28 août un arrêté de réquisition concernant une surface de 20 hectares sur les communes de Vivaise et Couvron, sur l’emprise d’une ancienne base de l’Otan, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de Laon-Chambry (photo d’ouverture). C’est l’un des sites alternatifs, parmi une liste de 13, proposés par l’aéro-club depuis le 7 mai dernier ! Ainsi, la décision préfectorale qui a tardé à être formulée rendrait illicite toute arrivée de caravanes sur l’aérodrome même si la méfiance sera encore de mise ces prochains jours, avec toujours la crainte d’un groupe isolé de caravanes ne suivant pas les directives de l’Association Grands Passages (AGP).
Aux dernières nouvelles, les premières caravanes devraient arriver entre le 3 et le 8 septembre, pour un rassemblement prévu du 8 au 15 septembre. Si tout ceci se confirme bien ces prochains jours, le dossier de Laon-Chambry devrait servir de « jurisprudence » aux autres aérodromes pouvant être confrontés à la même problématique à l’avenir. Il serait assurément temps de rebondir sur cette expérience pour interpeller l’État et éviter à l’avenir de retrouver des situations similaires qui bafouent le droit. C’est un dossier qui devrait (qui aurait dû déjà…) être pris en compte par le CNFAS qui regroupe l’ensemble des fédérations aéronautiques et sportives, dont les membres subissent le problème chaque année… Ce n’est pas face à une situation subie qu’il faut réagir mais en amont, par anticipation !
Il faut à nouveau saluer l’opiniâtreté des dirigeants des associations de Laon-Chambry, aux prises avec ce dossier depuis le 22 avril dernier. La stratégie mise en place et soutenue au fil des mois avec beaucoup d’énergie dépensée (médiatisation du dossier à tous les niveaux, interpellation des instances de l’aéronautique et du milieu politique, organisation d’un rassemblement aéronautique de soutien, activation des réseaux sociaux, mise en place d’obstacles pour empêcher l’accès du terrain, surveillance continue de l’aérodrome par les membres…) a permis de maintenir la pression et – on le suppose fortement… – de faire reculer le préfet pour qui l’aérodrome de Laon-Chambry constituait la solution de facilité, avec une décision que nos jours on pourrait qualifier d’illibérale… ♦♦♦