Premier album d’une série de trois sur l’aviation japonaise dans le Pacifique.
Olivier Speltens a déjà signé deux séries aux éditions Paquet, AfrikaKorps (3 tomes) et L’armée de l’ombre (4 tomes). Pour son dernier projet, il s’est intéressé à la guerre dans le Pacifique, vue du côté japonais. L’album débute par deux pages de texte rappelant le contexte historique, retraçant la montée en puissance de l’empire japonais depuis le début du 20e siècle, son expansion à travers la Chine puis les îles du Pacifique et l’Asie du Sud-Est avant de rejoindre en septembre 1940 les forces de l’Axe (Italie, Allemagne).
Les tensions vis-à-vis des Etats-Unis augmentèrent alors, poussant les Américains à imposer au Japon un embargo total sur le pétrole et l’acier. Privé de ces ressources, le Japon s’attaquait aux Indes néerlandaises et aux colonies anglaises, tout en visant à neutraliser les forces américaines dans le Pacifique et aux Philippines, la situation ne pouvant mener qu’à un conflit dont le point de départ officiel sera l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941.
Au printemps 1942, le Japon va ainsi de victoire en victoire et c’est là que débute l’intrigue de cette nouvelle série prévue en 3 tomes, avec la mise en place des acteurs, des pilotes de chasse japonais sur la base de Lae, en Nouvelle-Guinée. Un jeune étudiant happé par la conscription est ainsi formé au pilotage avant d’arriver en unité sur Zero. La confiance des soldats japonais dans leur victoire est alors manifeste du fait d’un matériel supérieur à celui des alliés (anglais, américains, australiens…).
Les Mitsubishi A6M Zero (désignation officielle de Rei-sen d’où le titre…) affrontent en effet des Bell P-39 Airacobra et des Curtiss P-40 dépassés mais les pilotes de ces derniers apprendront vite à éviter le combat tournoyant, se limitant à des attaques quand ils bénéficient de l’avantage en altitude pour une seule passe de tir, comme le préconisait déjà Claire Lee Chennault avec ses Tigres volants. Malgré cela, au gré des pages, les Zero descendent des B-26 Marauder, B-17 Flying Fortress, B-25 Mitchell et PBY Catalina, ou accompagnent des G4M Betty vers leurs cibles, faisant de l’ensemble une BD bien… aéronautique.
Le moral au sein de l’unité japonaise reste élevé, malgré les conditions de vie spartiates et la qualité de l’alimentation liés à des problèmes de logistique. Mais le doute va progressivement s’installer après la bataille de Midway et la perte de quatre porte-avions. La dernière page de ce premier tome laisse le lecteur en suspens avec des Zero partis vers Guadalcanal pour une mission devant compter plus de 2.000 km aller-retour, aux limites des réserves de carburant…
Pour cette BD, l’auteur s’est appuyé sur une bibliographie mentionnée en début d’ouvrage, basant ainsi son récit sur les témoignages de pilotes et de soldats japonais, avec les mentalités de l’époque et leurs réactions par exemple quand on leur impose le port du parachute. C’est l’esprit collectif qui prime avec le code d’honneur Bushido. C’est donc une série de fiction s’appuyant sur l’histoire réelle, avec quelques rappels d’événements disséminés dans les pages.
Cette BD existe en deux formats, Classique et Grand format, aux couvertures distinctes. Le Grand format offre 8 planches en bonus sous la forme de grandes illustrations. L’auteur n’hésite pas à mettre en avant l’illustration, avec des simples ou doubles pages où prime le graphisme, sans le moindre phylactère. Le dessin s’avère très réaliste, bien mis en valeur par la mise en couleur. L’album s’achève par un cahier graphique présentant en texte et illustration les principaux avions évoqués, mais aussi des études de personnages avec ou sans mise en couleur, dévoilant ainsi quelques étapes de la conception de la BD. ♦♦♦
– Rei sen pacifique, par Olivier Speltens, Editions Paquet, 64 p. Version classique (14,50 €) ou Grand format (39,00 €). Sortie le 3 avril 2024.