De 1943 à nos jours, l’historique d’une unité à part dans l’organigramme de l’AAE.
Parmi les collections d’ouvrages des éditions Lela-Presse, on trouve la collection Histoire des unités, retraçant principalement l’histoire de groupes de chasse ou de bombardement durant la Dernière guerre. C’est dans cette collection que vient de paraître « Escadron de chasse 3/3 Ardennes » à l’occasion des 80 ans de cette unité, fêtés l’an passé. Ainsi, contrairement aux ouvrages traitant par exemple du GC III/3 (Condors et Pirates) ou du GC III/7 (Furies et Crocodiles) pour la période 1939-1940, le contenu s’étend de 1943 à nos jours.
Si cette unité a été créée en 1943, elle a été dissoute et recréée à plusieurs reprises. Sa longue période d’activité permet ainsi de passer des P-47D Thunderbolt au Mirage 2000D en 320 pages abondamment illustrées de photos (740 complétées de 16 profils couleurs). Les chasseurs à hélice seront abandonnés, après une période de transition sur réacteur via le Gloster Vampire, pour passer en 1953 au Republic F-84, à ailes droites tout d’abord (F-84G) puis en flèche (F-84F) à partir de 1956, peu avant une dissolution après l’opération sur le canal de Suez.
Il faut attendre 1974 pour une renaissance de l’unité désormais équipée du Mirage 5F, issu des Mirage 5J non livrés à Israël pour cause d’embargo. Le pays client disposant d’une couverture radar de la totalité du pays, les appareils ne disposent pas de radar embarqué, en faisant en France des « avions d’aéro-club » ne pouvant voler que de jour. C’est en 1977 que l’unité passe au Jaguar, le « camion à bombes » de la Force aérienne tactique (FATAC). Malgré une sous-motorisation, les pilotes apprécient la machine et ses deux réacteurs, notamment lors du raid sur Ouadi Doum en Libye.
Après dix ans sur Jaguar, les « cochons » (l’emblème du 3/3 est un sanglier… des Ardennes, d’où la devise « Ne recule ni ne dévie »), c’est le retour sur chasseur à aile delta, avec le Mirage IIIE, l’appareil sur lequel « la mission commence au break » car par vent de travers et/ou conditions météo marginales, la finale à 185 Kt, nez haut, n’est pas la phase de vol la plus simple pour à la fois éviter de toucher du croupion et aussi ne pas « marquer les plombs » en effectuant un atterrissage « dur ». Enfin, 1994 voit l’arrivée du 2000D et ses commandes électriques, appareil toujours opérationnel de nos jours au sein du 3/3.
Pour retracer cette histoire, année après année, les trois auteurs ont puisé la matière dans les journaux de marche et les témoignages d’anciens pour faire la synthèse des principaux événements, comprenant entraînements, missions, incidents et accidents – voire le manger de saucisse sans les mains ! Plusieurs « témoignages » d’acteurs, en encadrés, permettent de découvrir l’envers du décor. Ce peut-être une « glissade » en Jaguar sur le parking verglacé, une éjection suite à un problème de « bidon » sous les ailes ou une arrivée au parking en limite de carburant car si la jauge du Jaguar est en kilos, celle du Mirage IIIE est en litres et ce n’est pas la même chose !
L’ouvrage s’achève sur différentes annexes consacrées aux traditions : évolutions de l’insigne métallique de l’unité, les patches, les insignes peints sur les appareils, les casques, les appareils de liaison, les locaux… Au final, 80 ans d’évolution d’un escadron de chasse au fil de la technologie et des missions attribuées. ♦♦♦
– Escadron de chasse 3/3 Ardennes (1943-2023), par E. Coris, A. Duvernoy, S. Guillemin. Profils P. Gaubert. Collection Histoire des Unités n°15. 320 p. Lela-Presse. 49,00 €