Un tour du monde sans escale à l’hydrogène « vert »
Après un premier tour du monde sans escale en ballon, à bord de la Rosière Orbiter 3 en mars 1999 avec Brian Jones, puis un tour du monde avec escales à l’énergie solaire à bord du Solar Impulse (de mars 2015 à juillet 2016), en partageant alternativement les commandes avec André Borschberg Bertrand Piccard entend rebondir sur un nouveau défi. Il vient d’annoncer son nouveau projet, celui du « premier tour de la Terre sans escale et sans émissions à bord d’un avion à hydrogène vert ».
Avec son savoir-faire en matière de communication, l’explorateur présente son projet comme une « impulsion pour une action climatique », pour « restaurer l’espoir » et montrer que « l’action reste possible ». Climate Impulse doit montrer que « tout est possible » notamment pour « décarboner » l’aviation, se voulant « la vitrine » d’une révolution technique visant
« à améliorer la vie sur Terre ».
L’appareil biplace utilisera une architecture bipoutre, les deux fuselages supportant à l’avant les propulseurs, le cockpit étant fixé sur la voilure centrale, dans le style du PondRacer conçu par Burt Rutan. L’envergure doit atteindre 37 m.
Le projet a débuté il y a trois ans, avec le soutien technique de sociétés comme Airbus (qui développe un avion à hydrogène à l’horizon 2035), Daher Aviation ou encore Ariane Group (spécialiste de l’hydrogène liquide dans le domaine des fusées). La construction du bimoteur bipoutre est en cours en France, aux Sables-d’Olonne, sous la direction de Raphaël Dinelli, navigateur au large mais aussi concepteur il y a quelques années de l’Eraole dont le prototype a été perdu lors d’un atterrissage forcé. Ce monoplace était alors prévu pour une traversée de l’Atlantique en utilisant un groupe moto-propulseur hybride (bioénergie-solaire) faisant appel à un carburant à base d’algues et des cellules solaires sur les plans de l’appareil de formule ailes en tandem.
Le programme de développement du Climate Impulse repose sur deux années de construction suivies de deux années d’essais pour valider le concept. Le premier vol est prévu en 2026. La propulsion proviendra de moteurs électriques, alimentés par piles à combustible, avec production d’hydrogène liquide « vert » à partir d’énergies renouvelables, à conserver sous -253°C. Avec l’aide de Syensqo, société chimiste belge issue de Solvay et partenaire principal du projet, la technologie pour la cellule et les réservoirs d’hydrogène reposera sur l’utilisation de thermoplastiques, annoncés meilleurs que les matériaux composites, étant recyclables.
Le tour du monde sans escale du Climate Impulse, au niveau de l’équateur, soit environ 40.000 km, est programmé pour 2028 avec Bertrand Piccard et Raphaël Dinelli à bord. Comme le premier tour du monde réalisé sans escale par le Rutan Voyager en décembre 1986, le tour du monde envisagé devrait s’étaler sur 8 à 9 jours, à raison d’une vitesse moyenne de 200 km/h à une altitude de 8.000 ft. ♦♦♦
Photos © Climate Impulse