Sous les cocardes françaises, un bimoteur de transport sorti de l’oubli…
Après la Seconde Guerre mondiale, les nations victorieuses ont fait leurs emplettes en Allemagne, notamment dans le domaine aéronautique, récupérant données techniques, projets en cours et aéronefs déjà développés – ceux connaissant notamment une avancée technologique, telle la propulsion par réacteur. Pour la France, il y avait aussi quelques chaînes d’assemblage déjà implantées sur le territoire, principalement pour des appareils de transport ou de liaison, dont le Junkers Ju-52. Dans le lot, se trouvait aussi le Siebel Si-204, bimoteur de liaison, de formation et d’entraînement des équipages de la Luftwaffe.
168 appareils de ce type seront ainsi produits durant l’Occupation à Bourges, au sein de la Société nationale des constructions aéronautiques du Centre (SNCAN). A la Libération, la production se poursuivra, l’appareil prenant la désignation NC-700 développée en 701 et 702 par la suite. La version originale, au nez très vitré, sera remplacée sur le NC-702 par une pointe avant à la DC-3. L’appareil sera dénommé « Martinet » mais dans le langage des pilotes, il resta souvent le « Siebel ». Pendant 27 ans, ce bimoteur servira dans de nombreuses unités de l’armée de l’Air, de la Marine et d’autres organismes, du Centre d’essais en vol (CEV) – comme premier avion « zéro G » ! – à l’Institut géographique national (IGN).
Souvent oublié malgré 371 exemplaires construits en France, l’appareil est sorti de l’ombre par cet imposant ouvrage reprenant une structure classique chez Lela-Presse. Après quelques pages retraçant la chronologie de la carrière de l’appareil, le second chapitre aborde la facette technique, détaillant la structure, les différents systèmes de bord mais aussi l’utilisation (manuel de procédures). Les deux chapitres suivants, les plus copieux, passent en revue toutes les unités utilisatrices du type (armée de l’Air et Aéronavale).
Ils comportent plusieurs témoignages vécus par des navigants ou des extraits des Ailes ou d’Aviation Magazine. Récits de missions, anecdotes, pannes moteur ou perte d’hélice en vol se succèdent ainsi. Si les qualités de vol sont appréciées, la fiabilité n’est pas toujours optimale. À côté de Cessna Bobcat, les Siebel serviront notamment à la formation multimoteur sur la base d’Avord, avant l’arrivée des Dassault Flamant. Ils seront employés en Indochine et en Afrique du Nord, de la version armée au transport de passagers ou blessés.
La restauration du NC-702 n°282, désormais stocké au sein du Conservatoire d’Aquitaine, à Bordeaux, en attendant un meilleur sort, bénéficie de quelques pages évoquant également les rares autres exemplaires conservés dans le monde. Suit alors la liste de production (près de 100 pages !) détaillant le sort de chaque appareil. L’ensemble de l’ouvrage est abondamment illustré d’images (noir et blanc, couleurs), au nombre de 600, sans oublier 80 profils couleurs.
Au final, un ouvrage qui défriche un domaine non exploré jusqu’à présent et qui restera inégalé sur le sujet… Pour passionné d’histoire aéronautique, et notamment des « ailes françaises », souhaitant aller au-delà des habituels Spitfire, Mustang et autres 109… ♦♦♦
– « Du Siebel au Martinet, 27 ans sous nos cocardes » par P. Cornu et R. Queurty,
Profils Avions n°41, Lela-Presse, 450 p. 69,00 €