Unités, hommes et insignes de la future armée de l’Air…
En 2004, s’est tenue à l’hôtel de ville de Paris une exposition portant sur les premiers insignes ou emblèmes appliqués sur les avions militaires français lors de la Première Guerre mondiale. Ceci donna lieu à un livret servant de catalogue à l’exposition, intitulé « Le diable, la cigogne et le petit lapin. 1914-1918, les aviateurs inventent une héraldique nouvelle ».
Dans la foulée, le Service historique de l’armée de l’Air (SHAA) publia un ouvrage de 600 pages – « Les escadrilles de l’Aéronautique militaire 1912-1920 » – sur les premières escadrilles au début du 20e siècle. Chaque unité est ainsi présentée avec sa date de création, ses lieux de stationnement, les différents appareils utilisés, ses figures marquantes et son héraldique. Le tout avec photos et représentations d’insignes de groupes ou de marques personnelles. Ces deux ouvrages sont toujours disponibles auprès du Service historique
de la Défense (SHD).
Il manquait donc un pan de cette histoire jusqu’en 1934, soit les prémices de l’armée de l’Air, créée par un décret d’avril 1933 mais dont l’organisation opérationnelle est fixée par une loi en juillet 1934. Deux auteurs – Bernard Palmieri et Patrice Gaubert – ont donc décidé de poursuivre la démarche entreprise par l’ouvrage du SHAA en 2004, en s’attaquant à la période 1919-1934. Si l’armée de l’Air a pris son envol au début des années 1930, elle s’appuie sur les unités de l’Aéronautique militaire dépendant alors de l’armée de Terre mais elle est déjà constituée de régiments, d’escadrilles actives en métropole mais aussi à l’étranger et dans les colonies françaises, avec des écoles, des terrains et une symbolique.
L’aviation militaire française a effet vu le jour en 1909 dans le sillage de la première traversée de la Manche par Louis Blériot. Pour évaluer les appareils à des fins militaires, un premier concours d’aviation militaire eut lieu à Reims en octobre 1911. Au début de la Première Guerre mondiale, la France dispose de 148 avions et de 15 dirigeables mais à l’Armistice en novembre 1918, la flotte dépasse les 3.600 avions en service. Après le vote d’une loi à l’Assemblée nationale française en mars 1924, l’Aéronautique militaire fait officiellement partie de l’armée de Terre, aux côtés des quatre autres armes : l’infanterie, la cavalerie, l’artillerie et le génie.
L’armée de l’Air (…et de l’Espace, aujourd’hui) est ainsi devenue une armée à part, totalement indépendante, qu’en 1934 mais ses unités sont pour la plupart héritières des traditions des escadrilles de la Première Guerre mondiale, avec leurs insignes attitrés, issus d’une symbolique riche et variée. Ainsi, l’ouvrage, après un résumé de l’évolution de l’Aéronautique militaire en armée de l’Air entre 1918 et 1933, évoque les unités, les hommes et les insignes de cette Aéronautique militaire de l’entre-deux-guerres implantée en métropole, en Allemagne occupée, dans l’empire colonial français et à l’étranger.
Chaque régiment bénéficie ainsi d’une synthèse avec les principales dates de son existence, ses stationnements, ses chefs de corps et son organisation, les appareils utilisés, les récompenses collectives de l’unité et bien sûr les différents insignes (320 redessinés) qu’il s’agisse du drapeau ou fanion de l’unité, ou les emblèmes apposés sur les appareils, avec différentes déclinaisons. Le tout est accompagné de photos d’époque (près de 400) peu ou pas connues et de 55 profils en couleurs d’appareils. Au final, un superbe ouvrage – dense en données, riche en illustrations diverses – qui arrive à point nommé peu avant le 90e anniversaire de l’armée de l’Air et de l’Espace l’été prochain. ♦♦♦
– L’Aéronautique militaire 1919-1934, par B. Palmieri et P. Gaubert. Histoire de l’Aviation n°44. Éditions Lela Presse. 306 p. 68,00 €.