Objectif : diminuer les incursions sur piste et les intrusions en espace aérien contrôlé sans clairance…
Le constat n’est pas nouveau mais la Direction des services de la Navigation aérienne (DSNA/DGAC), notamment par ses Forums VFR tenus ces dernières années, souhaite attirer à nouveau l’attention des utilisateurs de l’espace aérien sur les incursions de pistes et les intrusions en Espace aérien contrôlé (EAC) sans clairance, deux maux jugés en « dégradation » depuis 2019, excepté en 2020 pour cause de Covid…
Incursions sur piste
Pour l’OACI, il s’agit de « toute situation se produisant sur un aérodrome qui correspond à la présence inopportune d’un aéronef, d’un véhicule ou d’une personne dans l’aire protégée d’une surface destinée à l’atterrissage et au décollage d’aéronefs ». Plus d’une incursion sur piste se produit chaque jour en Europe et 205 cas ont été notifiés en France pour l’année 2022, soit de 15 à 35 en moyenne par mois… Ceci concerne essentiellement les plates-formes aéroportuaires, avec mixité IFR/VFR. La DSNA évoque « un trafic IFR stable et un trafic VFR 30% inférieur à celui d’il y a 10 ans » mais un « doublement des évènements impliquant des VFR en proportion sur 10 ans ».
Pour 2022, les « initiateurs » de ces incursions sont des véhicules (10,2%), le contrôle ATC (11,22%), des personnes (12,24%), des trafics IFR (20,41%) et VFR (45,92%), ces chiffres incluant également les « quasi-incursions » causées par des VFR. Les pourcentages ont peu varié sur les années 2020, 2021 et 2022.
Intrusions en espace aérien contrôlé
Ces intrusions portent un risque de collision en vol et font partie des événements dont le report (CRESAG) est obligatoire. La DSNA évoque 621 cas en 2022 (nombre d’intrusions de VFR en EACE sur 12 mois glissants) contre 661 en 2021 et 656 en 2019. Le chiffre est tombé à 423 événements en 2020 pour cause de Covid.
Il s’agit notamment d’intrusions de trafics VFR en ZIT ou en zone P, mais également d’intrusions de la Circulation aérienne générale (CAG) en espace militaire ou dans les circuits d’aérodrome. On notera que l’on compte aussi des intrusions de trafics IFR et des intrusions de la Circulation aérienne militaire (CAM) en espace contrôlé. Le graphique ci-dessous affiche « toutes les intrusions hors celles des VFR en EAC ».
Les principales causes sont bien identifiées par Eurocontrol et la DSAN, à savoir :
– Complexité des espaces aériens.
– Réglementation et formation associée.
– Conditions météorologiques dégradées.
– Nombre limité d’heures de vol.
– Erreur d’altitude suite à un mauvais calage altimétrique.
– Préparation du vol : mauvaise lecture des cartes, Notam pas toujours bien lus, « plan B » lors d’un changement en vol non prévu et complexité à le mettre en oeuvre.
– Voler à tout prix avec l’objectif Destination.
– Aéronefs de plus en plus performants et de mieux en mieux équipés entraînant un faux sentiment de maîtrise et un comportement plus « téméraire ».
– Peur de contacter le contrôleur.
– Absence de collationnement.
Un plan européen visant à réduire le risque d’intrusion dans l’espace aérien a été lancé en 2022 (European Action Plan for Airspace Infringement Risk Reduction, 36 pages en anglais), avec 65 recommandations dans 5 domaines. Pour la DSNA, cela passera par une « démarche renforcée et ciblée d’établissement de Constat préalable d’infraction (CPI) ». À la DSAC ensuite de « caractériser la réalité de l’infraction, d’en établir le cas échéant un procès-verbal d’infraction (PVI) et de décider des suites qui y sont données (rappel de la réglementation voire passage en commission ou conseil de discipline) ». ♦♦♦
Graphiques © DSNA
Photo © F. Besse / aeroVFR.com