Ingénieurs et pilotes racontent le Super Mirage 4000, précurseur du Rafale.
S’appuyant sur des articles publiés en 2004 et 2019 dans « Le Fana de l’Aviation », son rédacteur en chef a complété leur contenu par de nouvelles recherches et la rencontre d’acteurs liés à ce programme d’avion de combat resté sans suite. Au début des années 1970, le bureau d’études de Dassault prépare la suite du Mirage F-1, largement laissé sur place
par le F-16 durant le « marché du siècle » même avec un réacteur M-53 (F-1E) en place
d’un Atar 9K50.
Il faut passer aux commandes électriques… La société va proposer le 2000 monoréacteur et le 4000 biréacteur. C’est l’époque où la vitesse de pointe, au-delà de Mach 2, est encore de mise, avant que les missiles ne prennent la relève. L’armée de l’Air envisage alors un biréacteur avec le programme ACF (Avion de combat du futur) mais fin 1975, ce dernier projet est annulé faute de finances suffisantes, après avoir envisagé de commander des McDonnell-Douglas F-15…
Et le programme du Mirage 2000 est alors lancé.
Selon un « accord » passé entre Marcel Dassault et Valéry Giscard d’Estaing, alors président de la République, l’Etat français commande et finance le 2000, la société Dassault développe le 4000 sur ses fonds propres avec la promesse d’au moins une unité française équipée du biréacteur pour en faire la vitrine à l’exportation. Bruno Revellin-Falcoz est alors le directeur technique, en charge de ce programme où la conception se fait sur planche à dessin – le logiciel Catia n’existe pas encore…
Le cahier des charges vise un avion volant très vite (Mach 2,5), à fort rayon d’action donc de grande taille pour embarquer le carburant suffisant. La puissance provient de deux réacteurs M-53. L’architecture est celle de l’aile delta mais avec l’apport de plans canards fixes – mais débrayables si besoin pour les mettre dans le vent relatif – améliorant la manoeuvrabilité et les écoulements aérodynamiques aux grands-angles. Un an après le premier vol du 2000 réalisé par Jean Coureau, Jean-Marie Saget fait décoller le 4000 d’Istres. Le prototype va s’avérer brillant avec un excellent rapport poids-poussée et une capacité d’emport importante.
De la classe du F-15, il permet au chef-pilote de la « maison » d’effectuer au salon du Bourget un 8 vertical dès le décollage. Sa taille permet de décliner plusieurs versions, y compris biplaces. Plusieurs pays s’intéresseront au Mirage 4000 mais sans « support » de l’armée de l’Air, aucune commande ne sera passée, malgré une reprise des prospections commerciales à la fin des années 1980. Marcel Dassault croira dans ce programme jusqu’à ces derniers jours. Mais les années passant, le 4000 a déjà perdu du terrain face au Rafale. Ce dernier a bénéficié des données issues du 4000, recevant des plans canards pilotables. Les réacteurs sont passés du M53 au M88, plus puissant et avec des entrées d’air sans « souris ».
Le prototype du 4000 a ainsi atterri au Bourget en 1992, rejoignant les collections du musée de l’Air et de l’Espace, laissé aux intempéries étant exposé sur le tarmac. Quand l’association
IT Mercure sera chargée de sa restauration, 25 cm d’eau seront trouvés dans le cockpit
– corrosion assurée. Désormais restauré, il serait souhaitable que sa conservation soit réalisée dans de bonnes conditions… histoire de concrétiser la « transition » effectuée entre les Mirage III, F1, 2000 et le Rafale. C’est ce que raconte cet ouvrage de format A5 (limitant la taille des photos et documents techniques), seul livre consacré à 100% à ce prototype unique. ♦♦♦
Photos © Dassault et IT Mercure
– Super Mirage 4000, le rêve inachevé, par A. Rocher. Ed. Skyshelf.eu. 156 p. 29,00 € en version imprimée, 11,00 € en version numérique.