A quand une évolution réaliste et pragmatique du système de diffusion des Notam ?
De nos jours, il est malheureusement considéré comme « couteux » et « non rentable » de modifier un système imparfait. On le sait imparfait, on connait ses lacunes, mais les évolutions sont remises à plus tard. Ce n’est pas la priorité même si des usagers se plaignent. A moins qu’un accident majeur ne survienne entraînant alors une soudaine fébrilité à vouloir modifier le système en question alors que l’on savait déjà par le passé qu’il était imparfait et cause de problèmes.
Début 2023, le système de la FAA pour diffuser les Notice To Air Mission (Notam, et non plus Notice To Air Men) est tombé en panne entraînant une désorganisation totale du transport aérien outre-Atlantique, avec 13.000 retards et annulations de vols. Le système de secours n’a pas été capable de prendre la suite après la panne survenue en soirée du 10 janvier. Aussi, le 11 au matin, la FAA a dû annuler tous les vols commerciaux, ce qui n’était pas arrivé depuis 20 ans… L’enquête a révélé une mauvaise procédure et une data-base endommagée, au sein d’un système qui, s’il a subi quelques évolutions ces dernières années, est âgé de plus de 30 ans.
Dans le sillage de ce « couac », le congrès américain a validé un projet de loi portant sur l’amélioration des Notam avec la création d’une « task-force » dans les 180 jours suivant la signature de cette loi. Le groupe de travail devra compter au moins des membres représentatifs des compagnies aériennes, des aéroports, des syndicats de pilotes de ligne et de contrôleurs, des experts en sécurité et en facteurs humains ainsi qu’en architecture informatique et cybersécurité.
La mission de ce groupe de travail sera de lister toutes les méthodes existantes de publication des Notam et de diffusion des informations vers les pilotes, de passer en revue la réglementation, les stratégies et les systèmes relatifs aux standards internationaux en matière de Notam, notamment au niveau du contenu et de la présentation aux pilotes. Le groupe devra évaluer et déterminer les « bonnes pratiques » pour organiser, hiérarchiser et présenter les informations d’une manière qui optimise l’analyse par les pilotes, mais aussi émettre des recommandations pour améiorer la publication et la diffusion des Notam de manière à mettre en avant les informations les plus importantes, à optimiser la consultation par les pilotes.
Il faudra s’assurer que les Notam sont complets, exacts, diffusés au bon moment, liés à la sécurité des vols et contenant des informations pertinentes. Le groupe devra faire des propositions pour améliorer la qualité et la bonne compréhension des Notam, notamment par la présentation de l’information. Le système devra assurer la stabilité, la résilience et la cybersécurité du processus.
Moins d’un an après la formation de ce groupe de travail, ce dernier devra remettre son rapport, faisant état de son analyse, des ses propositions pour améliorer le système de diffusion des Notam et le calendrier de mise en place du nouveau système. Au plus tard le 30 septembre 2024, ce dernier devra être en place avec un système de secours en cas de panne.
L’OACI et notamment la DGAC pour la France travailleraient depuis des années pour améliorer la diffusion des Notam mais aucune date de fin de chantier n’a été communiquée à ce jour ! En 2018, le patron du NTSB (équivalent américain du BEA) annonçait officiellement que le système de diffusion des Notam n’est qu’une « poubelle » (« Notams are a bunch of garbage »). Début 2023, sur un site américain, un pilote de ligne annonçait que pour un vol transatlantique avec trois déroutements ETOPS et 2 destinations alternatives en cas de mauvaise météo à l’arrivée en Europe, il avait imprimé les notams qui, feuille par feuille, s’étalaient du cockpit à l’arrière de la cabine de son 767. Les deux-tiers des Notams étaient non pertinents mais tous portaient en bas la phrase recommandant d’économiser le papier…
Le sujet n’est assurément pas nouveau sur aeroVFR, au-delà de la disparition régulière chaque année des Notam du site du SIA… qui conseille alors d’aller les chercher en anglais sur un site européen où il faut s’enregistrer ! Il a notamment déjà été traité via les liens à consulter ci-dessous… ♦♦♦
— Pour en finir avec les Notam abusifs
– Connaissez-vous le Notamètre ? avec un outil pour noter la qualité des Notams pays par pays… mis en place par l’OACI. Non, la France n’est pas sur le podium !
– Réformer le système des Notam
– Des Notam « parapluie »
– Sondage pour les Notam de FIR