Fin du programme d’évaluation de la propulsion distribuée avec le prototype X-57 Maxwell sans essais en vol.
Lors d’une conférence en ligne le 23 juin dernier, la Nasa a fait le point du programme X-57 Maxwell. Développé à partir de 2014, ce programme visait à évaluer la technologie de la propulsion 100% électrique (DEP pour Distributed Electric Propulsion) pour diminuer l’usage de l’Avgas et les émissions de CO2 et limiter l’empreinte sonore. Le X-57 était donc un démonstrateur ou POC (Proof Of Concept) permettant de comparer les performances d’un bimoteur léger motorisés en standard par deux Rotax 912S et la propulsion électrique distribuée.
Pour limiter les coûts, en 2016, un appareil était ainsi pris sur étagère sous la forme d’un Tecnam P2006T. Le premier vol du prototype dénommé X-57 et baptisé Maxwell était alors programmé pour 2017. Plusieurs phases étaient prévues avec une évolution des motorisations passant de 2 Rotax à 12 ou 14 moteurs électriques. Les essais ont compris des essais au sol d’une aile modifiée et par l’adjonction de 18 moteurs électriques au bord d’attaque. Montée sur un poids-lourds roulant jusqu’à 110 km/h sur la base d’Edwards, elle fut testée en 2015. Le P2006T menait au même moment des essais au sol de motorisations électriques.
L’ensemble du système électrique était également développé sur un banc d’essais au sol, avec l’évaluation de différentes batteries et la mise au point de l’intégration de tous les éléments de la chaîne de propulsion. Ayant pris du retard sur l’agenda initial, le premier vol était alors décalé pour la fin 2020. La dernière phase visait à mettre en vol l’appareil avec les 12 moteurs électriques implantées au bord d’attaque de l’aile optimisée pour la croisière tandis que les 2 moteurs électriques d’extrémité d’ailes, plus puissants, devaient assurer la propulsion durant le vol.
Après avoir assuré le décollage en soufflant (augmentation de la portance et donc diminution des distances de décollage) la voilure à corde réduite (réduction de la surface et donc de la masse), les 12 moteurs de bord d’attaque devaient voir leurs hélices replier leurs pales pour limiter la traînée en croisière. Les performances annoncées alors étaient d’atteindre une autonomie d’environ 1 heure et une distance franchissable de 160 km à la vitesse de 280 km/h.
Mais voilà, lors de la conférence du 23 juin dernier, l’équipe en charge du développement du X-57 a annoncé être arrivée dans une impasse technique début 2023, avec un niveau de sécurité jugé non acceptable pour l’équipage d’essais en vol – risque de « serrage » soudain de la motorisation. Les modifications nécessaires seraient trop coûteuses et trop longues à mettre en place pour envisager de mettre en vol le prototype avant la fin du programme, prévue en septembre prochain. En conséquence, le X-57 ne volera jamais… L’illustration en ouverture de cet article ne restera donc qu’une vue d’artiste.
La Nasa avait lancé ce programme sur la croyance que la technologie était suffisamment développée dans le domaine électrique pour l’incorporer au X-57. Le patron du Armstrong Flight Research Center (Edwards) a affirmé que ces croyances étaient fausses et que de nombreuses briques de l’architecture électrique n’étaient pas encore assez « matures » pour permettre de voler en sécurité. Les connaissances acquises durant ce développement au sol seront mises à la disposition de l’industrie et des autorités de certification.
La presse américaine annonce que le programme du X-57 a coûté 87 millions de dollars dont 47 millions de dépassement par rapport au budget initial. Cette décision intervient peu de temps après l’annonce de Tecnam de mettre fin également à son programme de P-Volt sur la base d’un P2012. ♦♦♦
Photos © Nasa