Cartes aéronautiques, fréquences et espace aérien…
Les nouvelles cartes aéronautiques pour la saison 2023 sont désormais disponibles, avec une tarification connue à quelques jours seulement de la diffusion possible des cartes. Si les IGN/OACI au 1/500.000e restent au même tarif (23,20 € TTC chaque carte), pour les SIA au 1/250.000e (Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Marseille…), le tarif est passé de 12,38 € TTC en 2022 (avec une seule édition durant l’année) à 14,23 € TTC en 2023 (avec deux éditions prévues en 2023), soit une augmentation de près de 15 %. Le record revient au Complément aux cartes, facturé l’an dernier 8,88 € TTC et désormais à 11,10 € soit une augmentation de 25 % ! Certes l’inflation touche les prix du papier mais quand même…
Il faut rappeler que les cartes aéronautiques servent de « base de travail » mais ne peuvent être prises pour argent comptant ! Chaque jeudi, le SIA délivre sa cargaison de SUP-AIP annonçant de nouvelles ZIT et ZRT, voire RMZ (radio obligatoire) et TMZ (transpondeur obligatoire). Des Notams peuvent de plus indiquer par la suite un changement de fréquence sur tel ou tel terrain. Bref, les cartes servent de support à la préparation d’un vol mais se périment au fil du temps bien avant l’édition suivante, surtout en ces années de distribution de fréquences 8.33 kHz et plus particulièrement en 2023 avec la forte prise d’embonpoint du RTBA. Une comparaison avec votre carte édition 2022 pourra ainsi révéler quelques « dégâts ». Attention aux biais d’habitude !
La menace des nouvelles fréquences 8.33 kHz
La DSAC a dernièrement attiré l’attention des pilotes sur le « risque identifié » de l’utilisation d’une fréquence radio erronée. Il est rappelé que des aérodromes en auto-information, utilisant jusque là la fréquence 123.500 MHz, bénéficient ou vont bénéficier d’une fréquence propre, notamment en 8.33 kHz. La DSAC a noté lors d’événements de sécurité notifiés que des bases de navigation GPS n’étaient pas à jour ou qu’il en était de même pour des cartes VAC, menant au fait que des pilotes se sont intégrés sur des terrains en utilisant une fréquence n’étant plus la bonne.
Ceci met en jeu la sécurité avec « le risque de conflit entre les aéronefs et de collision en vol et au sol, ainsi que la charge de travail des pilotes lorsqu’ils réalisent qu’il y a un problème » pouvant aller jusqu’au « risque de perte de contrôle en vol, d’approche non stabilisée, d’atterrissage dur, d’incursion sur piste et de sortie de piste ».
D’où les recommandations de la DSAC en la matière, en appelant les pilotes à une vigilance accrue « vis à vis de l’information aéronautique officielle » lors de la préparation du vol et en vol, y compris lorsqu’il s’agit d’un vol habituel. Il rappelé que la « périodicité de mise à jour des cartes de navigation, comme la carte VFR au 1/500.000e par exemple, ne permet pas de garantir que les fréquences qui y sont indiquées sont à jour », d’où la nécessité de bien consulter les Notams, notamment des terrains susceptibles de servir d’aérodrome de déroutement. Et aussi les fiches VAC peut-on ajouter même si leur mise à jour laisse à désirer. Exemple : la fiche VAC d’Etampes date de mars 2021. La tour de contrôle et la RMZ ont cessé d’exister en octobre suivant mais en avril 2023, soit 2 ans plus tard, la fiche VAC est toujours celle de l’époque !
Avec la disparition progressive mais rapide des VOR, la sortie régulière de ZIT et de ZRT, la navigation devient complexe de nos jours, imposant dans les faits l’usage d’un GPS, à poste fixe sur le tableau de bord, ou en support via une tablette portable…
Le RTBA qui n’en a plus que le nom
Le Réseau Très Basse Altitude (RTBA) de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) n’a plus que le nom de « basse altitude » (en fait jusqu’à présent, il aurait fallu parler de basse hauteur !) avec l’accroissement important de son volume en 2023, et ce à compter de ce 20 avril, journée « officielle » de disponibilité des cartes aéronautiques alors que les pilotes – disponibilité dans les boutiques et/ou délais d’envois obligent – ne peuvent pas forcément les avoir en main dans l’instant… En effet, le RTBA a pris de l’embonpoint, en largeur – les « tuyaux » ont gonflé en diamètre sur certains tronçons – mais aussi en hauteur, avec des plafonds qui peuvent être relevés de 1.000 ou 2.000 ft ou encore atteindre les FL065 ou FL085 ! Espérons que Sofia-Briefing restera actif tout au long de l’année pour l’accès aux cartes AZBA !
Le SIA a mis en ligne dernièrement un document récapitulant les modifications apportées au RTBA en 2023, avec notamment deux tableaux indiquant les secteurs non modifiés, les secteurs modifiés au niveau des limites latérales et/ou vericales, les nouvelles zones et les quelques-unes supprimées.
Ce document est téléchargeable avec le lien ci-dessous.
RTBA2023
Il présente également le RTBA par région avec l’ouest…
…le nord-est…
…le centre…
…et le sud-est.
Plus de service vocal interactif pour la DIRCAM
Par ailleurs, la Direction de la Circulation aérienne militaire (DIRCAM) a annoncé la fin prochaine de son service vocal interactif. Depuis 2010, « le Serveur Vocal Interactif (SVI), géré par le Centre Défense de Programmation et de Gestion de l’Espace aérien (CDPGE), contribue à informer les usagers des créneaux d’activation des zones en basse altitude ». Soutenu par la société Thalès, le contrat de maintenance arrivera à échéance le 31 décembre 2023.
La DIRCAM annonce que « compte tenu de l’obsolescence du matériel en service, de l’évaluation de son utilisation réelle par les usagers et du coût d’investissement nécessaire à la mise au point et à l’installation d’un nouvel équipement », elle a décidé, « pour rationaliser ses coûts, de ne pas renouveler le contrat de soutien », renvoyant les usagers vers Sofia-Briefing. Aussi, ce service accessible par numéro vert ne sera donc plus fourni à partir du 31 décembre prochain. ♦♦♦
Photo : en ouverture, extrait de l’IGN-OACI de… 2022.