Le temps ne joue pas pour la disponibilité de l’Avgas 100LL en Europe.
Europe Air Sports (EAS), organisation discrète du côté des pilotes, se veut « la voix de l’aviation sportive et de loisirs en Europe ». Créée en 1988 et affiliée depuis 1994 à la Fédération aéronautique internationale (FAI), son objectif est « la promotion et la protection à long terme de l’aviation sportive et de loisirs en Europe », étant ainsi l’un des interlocuteurs des usagers vis à vis de l’EASA. Sa mission est de « représenter les intérêts des pilotes et des propriétaires/exploitants d’avions légers dans les développements réglementaires de l’aviation civile ».
Ce qui nous amène à sa newsletter de février dernier, diffusée récemment, ou EAS revient sur l’avenir de l’Avgas 100LL en Europe, sujet déjà évoqué sur ce site avec l’IAOPA-Europe. On peut y lire sous la plume de son Senior Vice President Rudi Schuegraf, le texte suivant :
« Dans notre dernier bulletin d’information, nous vous avons parlé de la lumière possible dans le tunnel sans fin des tentatives de développement d’un carburant alternatif pour remplacer l’Avgas 100LL (Low Lead). En raison du caractère toxique du plomb, l’Union européenne (UE) a inscrit l’additif tétraéthyle de plomb (TEL) sur la liste REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals) avec une date limite fixée à mai 2025. Après cette date, le TEL ne pourra plus être importé dans l’UE, ce qui empêchera la production d’Avgas 100LL dans les raffineries européennes ».
« La seule façon de contourner ce problème sera de demander une dérogation à l’UE et à son agence en charge des produits chimiques (ECHA). L’Avgas à haut indice d’octane devra être importée de l’extérieur de l’UE pour que les avions qui en ont besoin puissent continuer à voler. Europe Air Sports et d’autres organisations ont demandé à l’EASA d’accélérer le processus d’évaluation du carburant GAMI 100UL et d’adopter les STC de la FAA (US Federal Aviation Authority Supplemental Type Certificates) pour le marché européen. En outre, d’autres organisations travaillent sur d’autres projets qui pourraient offrir une solution alternative dans un avenir proche ».
« La communauté General Aviation 100LL manque de temps. Les raisons sont multiples mais l’une d’entre elles est certainement l’intention du gouvernement américain d’interdire définitivement l’Avgas 100LL d’ici 2030 au plus tard. Une législation connexe a été lancée à Washington en février. Très récemment, le Congrès américain a également accepté d’accorder 12 millions de dollars pour accélérer le développement d’un carburant sans plomb à indice d’octane élevé pour remplacer l’Avgas 100LL. Sans l’énorme marché américain (plus de 220.000 avions nécessitant de l’Avgas 100LL), la production de la 100LL est définitivement en danger ».
« Une autre question, qui dépasse les compétences d’EAS, est de savoir combien de temps la société Innospec, basée au Royaume-Uni, a l’intention de produire l’additif TEL au cas où il serait également interdit aux États-Unis. Les propriétaires d’un avion dont le certificat de type prévoit qu’il ne peut fonctionner qu’avec de la 100LL, conformément à la norme américaine ASTM (American Standard Test Method) 910, sont invités à vérifier auprès de leurs organismes de maintenance si des STC ou d’autres options alternatives sont disponibles pour leur avion. Les exploitants d’aérodromes doivent vérifier leurs capacités de stockage de carburant et prendre contact avec leurs fournisseurs de carburant pour leur demander de proposer à leurs utilisateurs du carburant sans plomb comme l’UL 91. Nous nous attendons à d’autres défis avec le projet de l’UE, le Green Deal, qui vise à éviter les émissions de dioxyde de carbone, ce qui est une action absolument nécessaire ». ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com
Source : Europe Air Sports