Retour sur les débuts du vol à voile français en 1922.
En 1921, des vélivoles allemands parviennent à tenir 22 minutes en vol aux commandes de planeurs. L’Association française aérienne (AFA) envoie une délégation sur place et envisage ensuite d’organiser un congrès dans le but d’atteindre ou de dépasser ces performances.
Le vol à voile en est encore au stade de la préhistoire même si une thèse de doctorat d’un polytechnicien, Pierre Idrac, explique déjà le vol de pente et le vol thermique.
Les connaissances pratiques demeurent faible sur la manière de mettre en l’air les planeurs, de développer un terrain de vol à voil avec le choix du site. D’où l’idée d’un congrès expérimental qui se tient à Combregrasse, dans le Massif central en août 1922. L’AFA espère 15 candidats, il y en aura 50… Lucien Bossoutrot, le recordman de durée, dépasse de quelques secondes les 5 mn alors qu’au même moment, en Allemagne, on atteint les 3 heures de vol.
Malgré cela, le congrès de Combegrasse va être « l’acte fondateur du vol à voile en France ». Un sport nouveau est né. Le treuil puis l’avion remorqueur vont permettre la mise en vol
de planeurs pour exploiter les ascendances thermiques, phénomène mal connu jusqu’aux
années 1920.
C’est à cet épisode du vol à voile français que s’est attaqué Jean Reymond, reprenant les travaux de Pierre Vaysse et Robert Péchaud, partiellement publiés en 1990. Après un état des lieux du « vol sans moteur » (l’appellation à l’époque…) en France et en Allemagne en 1921, avec le passage en revue des principaux constructeurs à l’époque, c’est la genèse du congrès, avec une première phase préparatoire en 1921 au Grand-Palais à Paris.
Il y aura une phase de prospection avant le choix du site, pas forcément optimal, puis à 22 km de la ville la plus proche, il faudra installer le « Camp Mouillard », un terrain de camping pour accueillir concurrents, contrôleurs des performances effectuées, météorologues et visiteurs, avec tentes et hangars Bessonneau abritant les machines. La présentation des appareils engagés (les plans 3-vues figurent en annexes) révèle un parc très disparate, du simple appareil en tubes et toiles au prototype très sophistiqué en passant par des avions
dont on simplement retiré la motorisation et ajouté du lest pour conserver le centrage,
ou encore un triplan.
Dans un dernier chapitre, l’auteur déroule au jour le jour le quotidien de ce congrès expérimental, entre le 1er et 27 août 1922, avec de nombreux vols plus ou moins réussis, quelques accidents. Il y aura même quelques essais effectués depuis le sommet du Puy
de Dôme.
Le tout donne un bonne synthèse de ce 1er congrès de vol sans moteur, en 110 pages abondamment illustrées de photos d’époque. Mais malheureusement, il ne s’agit que d’extraits des écrits de l’auteur. Edité par Mémoire de l’Aviation civile (DGAC), une partie du contenu
n’a pas été retenue à la publication, sans que l’auteur ne soit mis dans la boucle. Manquent ainsi – entre autres – les avis et remarques des pilotes, constructeurs et organisateurs du congrès, les vives réactions de la presse aéronautique, les enseignements en technique
de vol (lancement, pilotag) à tirer ainsi que l’organisation de ce type de manifestation.
Ces « annexes » pourraient apparaitre prochainement sur un site internet. En attendant, il y a déjà ce document ! ♦♦♦
– Combegrasse 1922, naissance du vol à voile français, par J. Reymond. 110 p. Ed. Mémoire de l’Aviation civile/DGAC. Diffusion sur demande via ariane.gilotte@aviation-civile.gouv.fr