Quels moyens pour gérer cette menace à bord ?
Nouvelles technologies obligent, les cockpits des avions légers accueillent de plus en plus souvent des équipements électroniques portables (PED ou Portable Electronic Devices) qu’ils prennant la forme de smartphones, appareils photos, caméras vidéos, tablettes (alias EFB pour Electronic Flight Bag dans le jargon EASA), etc. Ils sont embarqués par le pilote et/ou le passager. La plupart sont alimentés par des batteries au lithium qui introduisent une menace à bord car celles-ci peuvent « diverger » sous différentes raisons : surcharge, échauffement, choc, déformation mécanique, etc. Leur « nocivité » a déjà été citée dans plusieurs rapports d’accidents liés à des incendies survenus en soute d’avions de ligne. Les avions légers ne sont pas exempts de ces risques.
Ces risques ont déjà été abordés sur ce site, dans le sillage d’un symposium de la DSAC (« Batterie lithium, anticiper le risque de feu à bord ») organisé en 2020, et notamment via les articles ci-dessous :
– Gare aux batteries lithium
– Les risques des batteries lithium sur ULM
– Amerrissage en ULM 3-axes
Les bonnes pratiques sont passées en revue dans cette vidéo de la DSAC :
Ce risque d’emballement thermique d’une batterie au lithium a été à nouveau évoqué lors de la récente réunion annuelle de la DSAC Nord (janvier 2023). Un emballement d’une batterie reste possible avec les causes pré-citées ci-dessus (déformation mécanique, choc, surcharge, échauffement, etc.). Un processus se met alors en place avec l’augmentation de la température interne de la batterie. Cette élévation de la température de l’équipement est le premier niveau d’alerte car il peut ne plus pouvoir être tenu en main, d’où la question connexe à se poser : faut-il garder en poche un smartphone ?
L’effet suivant, avec le gonflement puis la perforation de l’enveloppe externe de l’équipement sous l’effet de la chaleur, est un dégagement gazeux, toxique. L’electrolyte liquide, corrosif et inflammable, se vaporise. De l’hydrogène est libéré avec d’autres éléments chimiques, pouvant aller jusqu’à l’explosion. La probabilité d’un incendie est donc élevé avec projection ou non de matériaux enflammés. Il faut donc être vigilant « en amont » pour anticiper tout emballement thermique ou dégagement de fumées toxiques.
Pour limiter les dommages et arrêter le processus, il faut mettre sur Off l’équipement, le débrancher de son éventuel chargeur, ne pas le recouvrir et… l’arroser d’eau, élément qui n’est pas forcément présent à bord d’un aéronef léger, à moins de disposer d’une bouteille prévue pour laver le pare-brise aux escales… A l’ENAC, chaque stagiaire est équipé d’une tablette avec un usage intensif et de nombreux cycles de décharge-recharge. Même si l’ENAC n’a pas enregistré à ce jour d’incident avec les quelques 300 EFB opérationnels, des procédures en cas d’emballement des batteries – dont le vieillissement n’est pas encore connu – figurent dans les check-lists.
D’où le « kit de confinement » embarqué à bord des avions de l’ENAC, permettant de stocker en vol un équipement dont la batterie divergerait – une démarche qu’il n’est pas interdit de suivre… Sur internet (photo d’ouverture), on trouve ainsi des sacs ignifugés auxquels il est possible d’adjoindre un gant de protection. Ce dernier, pouvant résister à plusieurs centaines de degrés Celsius, sera utile pour saisir et enfermer l’équipement dans la sacoche de confinement afin de limiter l’incendie et le dégagement d’émanations toxiques. Cette procédure doit faire partie des consignes données aux passagers. ♦♦♦