Des émissions des gaz à effet de serre lors des spectacles aériens publics.
On le sait, l’aviation est sous les feux de l’actualité ces derniers temps quand il s’agit d’évoquer pollution ou réchauffement climatique, avec une « sensibilisation » accrue côtés médias et milieu politique. Les meetings – on parle désormais de Spectacles aériens publics (SAP) dans la novlangue de la nouvelle réglementation des ex-manifestations aériennes – n’échappent pas à la critique. Mais quel est leur impact réel ? En l’absence de données fiables, fin 2021, France Spectacle Aérien (FSA) a décidé de faire une étude sur le sujet. Il a été fait appel ainsi à la société de conseil Time to Fly (TTF).
Pour ce faire, trois spectacles fictifs ont été définis : un grand rassemblement (SAP de grande importance), un rassemblement moyen et un événement se déroulant sur la façade maritime (meeting devant des plages). Pour chaque spectacle fictif, un plateau a été défini en termes de présentations en vol. Tous les vols concernés contribuent à l’empreinte carbone mais les présentations d’aéronefs de l’Etat sont à considérer comme des phases d’entraînement à leur mission de base. Ils ont donc été distingués des autres présentations.
La méthodologie employée par TTF repose sur des bilans selon la loi Engagement national pour l’environnement (ENE, 2010) et les facteurs d’émission de la base Carbone de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). L’analyse menée révèle que le principal émetteur de gaz à effet de serre (GES) provient du transport des spectateurs.
Plusieurs études ont déjà analysé par le passé l’empreinte carbone de grands spectacles sportifs ou culturels et confirment ce point. Sont donnés en exemple le Festival des Vieilles Charrues (56 kg de CO2 par spectateur suite à l’éloignement du site des centres urbains) et le Festival Off d’Avignon (90 kg CO2 par festivalier suite au rayonnement national de l’événement) tandis que le Festival de jazz d’Oslo n’atteint que 15,8 kg de CO2 par spectateur, chiffre proche de celui d’un meeting « grand rassemblement » (19 kg).
Pour FSA, « l’importance de cette étude, même si comparaison n’est pas raison, démontre avant tout que nos évènements dans leur ensemble ne sont pas, comme l’opinion pourrait le penser, les plus gros contributeurs de rejets, mais également que la partie aérienne ne vient pas au premier plan, même si elle n’est pas négligeable ».
Des axes d’amélioration ont été listés dont notamment :
– le déplacement des spectateurs : transport en commun, facilitation du covoiturage, privilégier les meetings proches de fortes populations.
– optimisation des plateaux : mutualisation des vols de convoyage d’appareils provenant de loin par coordination entre organisateurs.
– actions auprès du public : offre de restauration locale et moins carbonée, meilleure gestion des déchets.
Time to Fly achève une application en ligne qui permettra, début 2023, aux organisateurs de SAP membres de FSA de calculer leur niveau d’émission prévisionnel. Cette première auto-évaluation chiffrée, pouvant s’accompagner d’une charte environnementale, pourra être complétée d’un bilan carbone certifié pour présenter des chiffres indiscutables à des interlocuteurs. Ce bilan carbone sera présenté par la BPI (Banque Publique d’Investissement), selon la méthodologie de l’ADEME. ♦♦♦
Illustrations © TTF et FSA