Un Rex concernant une zone P à site industriel nucléaire.
C’est l’histoire d’un Rex évoquant une navigation vers les Châteaux de la Loire. Non lâché sur l’appareil, le pilote se fait accompagner par un instructeur en place droite avec un autre pilote en place arrière. Avec des problèmes d’affichage de la carte IGN/OACI sur son iPhone (application SD VFR), le pilote utilise une carte papier pour le suivi de nav. La route, au sud de Tours, passe à proximité de la zone P29. Il s’agit d’une zone associée à un site industriel nucléaire, allant du sol à 3.500 ft AMSL, très proche du terrain de Sorigny. Elle mesure une poignée de kilomètres (le cercle fait 1,5 km de rayon) et n’est pas « visible » dans le paysage comme peuvent l’être les tours de refroidissement d’une centrale EDF.
Ne voulant pas survoler l’aérodrome de Sorigny, le pilote décide de passer au nord du terrain et aussi au nord de la P29, tout en étant suivi par l’approche de Tours, en suivi radar. Evaluant mal sa distance par rapport à la P29, il reprend un cap ouest un peu trop tôt, pensant avoir contourné la zone tandis que des échanges entre pilotes ont lieu sur l’intercom de bord. Un peu plus tard, le contrôle de Tours lui demande s’il avait l’autorisation de pénétrer la zone P29, suite à un appel des militaires.
Une fois revenu au sol à Amboise, contact est pris avec le centre de détection et de contrôle de l’AAE à Cinq-Mars-La-Pile et la consigne d’attendre les gendarmes. Deux gendarmes, sans connaissance aéronautique, arrivent, prennent les identités de l’équipage, vérifient les téléphones pour valider l’absence de photos air-sol. Contact est pris avec la brigade de l’Air de Châteauroux qu’il faut attendre… L’équipage propose d’y aller par la voie des airs pour gagner du temps.
Là, les trois pilotes sont interrogés séparément dans des bureaux différents mais les dépositions ne peuvent être enregistrées suite à un problème de réseau informatique. L’équipage est donc renvoyé sur la brigade de Toussus-le-Noble qui finalement donnera rendez-vous à Chavenay. Vous suivez ? La machine judiciaire est en route après plainte des militaires. On connait les peines possibles prévues par la loi : 15.000 € d’amende et 6 mois de prison (!).
L’équipage est reconvoqué le lendemain matin à la BGTA de Toussus-le-Noble. Le pilote en place gauche est entendu comme témoin, durant 40 mn. L’instructeur est entendu durant 4h00 (!) avec prise de photos, prise d’empreintes, échange téléphonique avec le procureur… Au final, un classique rappel à la loi et la nécessité d’absence d’infraction similaire dans les 6 années à venir… Comme le précise le pilote, l’addition a été lourde pour « une petite minute dans une zone P et avoir viré 20 secondes trop tôt ».
C’est à cela que l’on sait que la sécurité nucléaire n’a pas de prix ! La preuve, fin 2014-début 2015, quinze centrales nucléaires avaient été survolées, parfois à plusieurs reprises, par des drones non identifiés, ainsi que le site militaire de l’Ile Longue et le palais de l’Elysée, sans information depuis sur les suites de ses survols et leurs responsables. Moralité : un avion léger écornant une zone est plus simple à retrouver, surtout s’il est en contact avec une approche (transpondeur) et donc sous suivi radar… ♦♦♦