Un projet pharaonique de développement de l’aérodrome prévu par la mairie sans concertation avec les usagers…
Quand des menaces pèsent sur un aérodrome, c’est généralement lié au fait que les pouvoirs politiques locaux (région, département, mairie, communauté de communes) souhaitent fermer le terrain. À Salon-Eyguières, ce serait plutôt l’opposé puisque la mairie envisage un projet mirifique pour « réhabiliter et exploiter l’aérodrome de Salon-Eyguières ». Le dossier est sorti du chapeau ces derniers mois, concernant l’aérodrome mais aussi le circuit de karting implanté à proximité, soit la « zone dédiée aux sports mécaniques sur les communes d’Eyguières et de Salon-de-Provence ».
La commune a décidé de déléguer la gestion et l’exploitation de cette zone. Un appel d’offres a été lancé pour créer une Société d’économie mixte à opération unique (SEMOP), appel remporté par le groupement NGE Concessions, Rampa et Garlaban, qui ne semble pas avoir de compétences particulières dans le domaine aéronautique.
La société Rampa a déposé une demande de permis de construire visant à réhabiliter et moderniser l’aérodrome via la destruction des hangars actuels, remplacés « par un nouveau pôle aérodrome comportant 19 nouveaux hangars équipés de panneaux photovoltaïques de toiture, cinq bâtiments d’activité, un bâtiment tertiaire, six ombrières photovoltaïques réparties au sein des rangées de hangars, une aire de lavage et une nouvelle station d’avitaillement » – sans oublier même une station Hydrogène pour les prochaines motorisations à venir !
Pour la mairie, les installations actuelles ne permettent pas « des conditions d’activité assurant le respect des conditions de sécurité et de l’environnement digne d’un équipement de loisirs moderne ». Des études d’impact sur l’environnement ont été lancées tandis que le projet pourrait comporter deux opérations annexes complémentaires, une ferme photovoltaïque au sol « dans les délaissés de l’aérodrome » par EDF Renouvelables et un projet de rond-point d’accès par le département des Bouches-du-Rhône.
Tout en vantant la « richesse » du terrain avec « la particularité de regrouper en son sein plusieurs activités aéronautiques », en prévoyant « de conserver cet usage d’aviation de loisirs et de participer à sa valorisation », avec mise en place d’infrastructures (bâtiment d’accueil, restauration et club-house, parkings sous ombrières), le dossier oublie de préciser l’absence totale de concertation avec les usagers aéronautiques du terrain et de précision sur les conditions de relogement, sur les espaces de vie associatifs et privés et aussi sur les conditions d’exploitation des aéronefs.
Les usagers notent qu’il est prévu « la destruction totale des installations associatives aéronautiques accessibles au plus grand nombre au profit de structures commerciales impersonnelles et payantes ». L’impact financier d’un tel projet démesuré n’est effectivement pas précisé avec un risque important pour la commune si les hangars demeurent incomplets au vu des loyers sans doute fortement accrus. Pour les usagers, l’emprise au sol pourrait être augmentée de 50% des surfaces bâties. Les ombrières, exposées au Mistral, pourraient de plus générer des perturbations aérologiques importantes. Sur les images « marketing » du projet, les installations actuelles révèlent un sol très classique dans la Crau, sous le soleil de Provence qui brûle l’herbe mais tout est « très vert » sur les images des futures installations !
Porté par l’Association des Utilisateurs de la Plateforme Aéronautique de Salon-Eyguières (AUPASE) – représentant toutes les activités aéronautiques associatives et privées pratiquées sur l’aérodrome – un projet baptisé BALZAC pour Base Aéronautique de Loisirs de la Zone Alpilles-Crau a vu le jour, adressé à différents intervenants locaux (mairie d’Eyguières, préfecture, DSAC SE, région Paca, Conseil général, etc.). Ce projet se veut une alternative au projet de la mairie jugé « démesuré, à connotation très nettement commerciale et préjudiciable à la pérennité des activités actuelles de la plateforme et à la préservation de la biodiversité du site ».
Le projet Balzac propose le retour à une gestion associative de la plateforme, par les usagers en s’appuyant sur l’expérience acquise par l’AUPASE de 1993 à 2018, date de son éviction au profit de la régie. Quatre structures associatives seraient ainsi prévues, fédérant les autres activités basées, associant à titre consultatif des représentants de la mairie d’Eyguières et des associations de protection de l’environnement et de la biodiversité. À ce jour, aucune réponse de la mairie d’Eyguières au projet Balzac n’a été reçue. ♦♦♦