Du poids des lobbies dans l’acceptation sociale d’un niveau sonore…
On se souvient que le 11e parc national français a été créé en novembre 2019, sous le nom de Parc national de forêts, rassemblement plusieurs massifs forestiers pour un total de 242.000 hectares. Ce PNF se trouve à cheval sur la Côte d’Or et la Haute-Marne et s’approchant à environ 2 km du tour de piste de Châtillon-sur-Seine.
Le 11 décembre 2021, l’Etat a créé une réserve intégrale au coeur de ce Parc national de forêts. Ceci a été acté par la publication d’un décret – après une période de consultation publique de… 22 jours seulement et qui s’est achevée par un avis majoritairement défavorable – et la définition d’une zone de 3.087 hectares (un peu plus de 1% du total) couvrant la totalité de la forêt domaniale d’Arc-Châteauvillain.
Pour la secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, en charge de ce dossier, la création de cette réserve intégrale a pour but de limiter grandement les activités humaines et de protéger faune et flore. Il s’agit ainsi de limiter durablement l’action de l’homme sur les écosystèmes, permettant l’observation scientifique de forêts en libre évolution, dixit le ministère de la Transition écologique.
Cela s’inscrit dans l’objectif de 10% du territoire placé sous protection forte, selon la Stratégie nationale pour les aires protégées, présentée en janvier 2021. La réserve intégrale au coeur du Parc national de forêts devait ainsi « permettre l’observation à long terme des changements globaux liés notamment au changement climatique. Ce territoire constituera un espace de référence à l’échelle européenne et internationale » (sic !).
L’avis défavorable exprimé lors de la consultation publique était dû aux dispositions anti-chasse s’appliquant à une réserve intégrale. Dans cette réserve, la loi limite en effet la chasse à des opérations ponctuelles limitant ou régulant des populations animales jugées trop importantes soit trois espèces seulement (cerf élaphe, chevreuil et sanglier). Mais voilà, si l’article 4 du décret interdit la chasse, l’article 6 l’autorise ! Le mot « chasse » est simplement remplacé par son synonyme « régulation ». De plus, cette régulation n’a aucune justification puisqu’il n’y a pas d’exploitation économique du bois, que ce dernier soit dégradé ou non par la faune.
On résume :
– Le Parc national de forêts a été créé en 2019, interdisant son survol à une hauteur de moins de 3.300 ft à tout aéronef.
– Une Réserve intégrale a été créée en décembre 2021 pour renforcer la protection de la faune et la flore dans cette portion du PNF. Objectif : limiter grandement la présence humaine.
– La chasse est autorisée dans le PNF en dehors de la réserve intégrale pour 37 espèces dont certaines considérées en mauvaise situation de conservation. Mais on parle bien de protection de la nature…
– Dans la Réserve intégrale, la chasse, ou plutôt la… régulation, restera possible pour 3 espèces avec la présence de chasseurs. Mais c’est bien une zone de protection renforcée !
– Une bonne partie de ce PNF sert de zone de transit à la R45 (RTBA) avec des avions d’armes pouvant se déplacer à 450 Kt et à seulement 800 ft/sol. Les 3.300 ft/sol sont réservés aux avions sans cocardes.
Tous ces bruits (coups de feu lors de chasses, passages bas d’avions à réaction) ne causent évidemment aucun stress à la faune locale, ni aucun dommage à la flore et à la terre dû au plomb de chasse déversé. Par contre, le passage d’un avion léger à 500 ou 700 m/sol reste en effet in-to-lé-ra-ble suite au bruit occasionné par cette gêne sans compter les milligrammes de plomb disséminés dans l’atmosphère si le moteur tourne à la 100LL.
Quant à un planeur, n’y pensez pas un seul instant. Le sifflement aérodynamique d’un planeur survolant à bonne hauteur le secteur, pour assurer la sécurité de son pilote au-dessus d’un massif forestier, n’est tout simplement pas accep-ta-ble pour la faune. N’y revenez pas. Foi de lobby surtout en période pré-électorale ! ♦♦♦