Sur les traces d’André Japy, pilote d’un raid Paris-Tokyo en 1936.
Cela fait plusieurs années que les bénévoles de l’Association pour la Renaissance du Caudron Simoun s’activent à Pontoise pour remettre en état de vol un rare Caudron C-635 Simoun, rare car l’unique autre exemplaire au monde se trouve au musée de l’Air et de l’Espace au Bourget, en exposition statique aux couleurs d’Air Bleu, la compagnie postale utilisant le type à la fin des années 1930 en France.
Ces derniers temps, ce chantier de restauration a pris de l’ampleur, sous le nom de projet Les Ailes Rouges (Akai Tsubasa) en recevant de multiples soutiens dont ceux de la Fondation la France Mutualiste, la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la jeunesse, l’Association française des femmes pilotes et la Fondation franco-japonaise Sasakawa, « organisme privé sans but lucratif et de statut français dont la mission est de développer les relations culturelles et d’amitié entre la France et le Japon ».
Le projet initial – remettre en état de vol ce Caudron Simoun – demeure d’actualité, pour notamment commémorer les multiples raids Paris-Tokyo (16.000 km) en moins de trois jours, tentés dans les années 1930 par des pilotes et notamment le raid d’André Japy (1904-1974).
En novembre 1936, ce dernier a décidé avec un Simoun prêté par le constructeur de réaliser ce raid en solo contrairement à d’autres tentatives menées en équipage à deux. L’URSS ayant fermé son espace aérien depuis 1935, il retient la route Sud passant par la Syrie, l’Inde mais allongeant la distance de 5.000 km.
Le décollage du Bourget intervient le 15 novembre 1936, pour rejoindre Strasbourg puis l’Europe centrale et ensuite Damas, Karachi, Allhabad, Hanoï et Hong-Kong. Il ne reste plus que la dernière étape mais les conditions météo se dégradent, avec pluie, nuages et tempête. Le pilote a décroché un record de vitesse entre Paris et Hanoï. Repartant de Hong-Kong, le pilote a dû faire un premier demi-tour à cause du mauvais temps. Puis reparti, bravant les éléments, il se déroute vers l’île de Kyushi pour rejoindre le terrain de Fukuoka.
Ce raid s’est achevé sur les pentes du Mont Séfuri, à Kanzaki (ile sud de Fukuoka), pour cause de conditions météorologiques, après plus de 14.000 km effectuées en 75 heures et 15 mn et à 1.000 km de Tokyo. À court de carburant face à d’importants vents contraires, aux prises avec des bancs de brouillards, le pilote a décidé de faire un atterrissage forcé. L’appareil finira par s’écraser sur le mont Séfuri, le pilote tentant de passer un sommet mais son Simoun F-ANXA sera happé par des rabattants.
Ce sont les villageois locaux qui lui ont porté secours après deux heures de recherche, se guidant vers l’épave sur les appels du pilote, le tout dans la forêt recouverte de brouillard. Ils descendront le pilote au village, sur une civière, après beaucoup d’efforts. Japy est gravement blessé à la tête et à la jambe gauche, l’avion détruit. Le pilote ne regagnera Paris qu’en avril 1937, accueilli en héros.
Un an plus tard, la Fédération aéronautique internationale (FAI) lui décernera la médaille Louis Blériot pour l’ensemble de ses exploits : Paris-Oslo AR en 14h45 en août 1935, Paris-Oran AR en 16h25 et Paris-Tunis AR dans la journée en septembre 1935, Paris-Saigon en 87 heures en décembre 1935, Paris-Alger AR en 10h45 en juillet 1936, Paris-Moscou AR en août 1936.
Lors de sa convalescence au Japon, André Japy conseillera l’équipage japonais composé du pilote Masaaki Linuma et du navigateur Kenji Tsukakogshi avant leur liaison aérienne entre Tokyo et Londres, via Paris, périple réalisé en 1937 par la route sud aux commandes d’un Mitsubishi Ki-15 baptisé Kamikaze (Vent divin), le tout en moins de 100 heures.
Ce raid de démonstration entre le 6 et le 9 avril 1937 s’est fait dans le cadre du couronnement à Londres du roi George VI en présence de la famille royale japonaise. ♦♦♦
Photos © SDASM Archives, Association pour la Renaissance du Caudron Simoun, F. Besse / aeroVFR.com
Episode 2 : Les Ailes Rouges (2) – Dans le sillage du raid d’André Japy sur Caudron Simoun