Un Douglas C-47 vétéran de la Seconde Guerre mondiale.
Ce dossier de candidature, dans le cadre du Grand Prix du Patrimoine (GPP) de l’AeCF, a été présenté par le Groupement d’intérêt public (GIP) du musée de la Batterie de Merville, représenté par la présidente du GIP, Sylvie Dupont.
Ce Douglas C-47, version militaire du DC-3, a été livré à l’armée le 29 janvier 1944 sous le matricule 43-15-073. Il est affecté en mai 1944 au 95th Troop Carrier Squadron basé à Exeter, Grande-Bretagne, avec son marquage 9X sur le flanc de fuselage. Il est alors baptisé par son équipage « The SNAFU Special » pour Situation Normal, All Fucked Up (La situation est normale, c’est le bazar !).
L’historique du bimoteur est riche puisque lors du débarquement en Normandie, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, il mène le groupe des trois derniers avions d’un détachement de neuf appareils affectés au préalable à Merryfield, au sein d’une autre unité. Les équipages sont mécontents d’avoir été retirés de leur unité d’origine et peignent un 8 sur la pointe du nez pour témoigner de leur situation inconfortable dans ces conditions.
Ainsi, le SNAFU largue dans la nuit un stick de 18 hommes sur Sainte-Mère l’Eglise mais est gravement endommagé par des tirs, parvenant cependant à rejoindre sa base anglaise. Le lendemain, il est jugé non opérationnel au vu des dommages. Mais en juillet suivant, le bimoteur rejoint l’Italie, participant au débarquement de Provence, larguant des parachutistes le 15 août. Puis lors d’une seconde mission, il remorque un planeur transportant des soldats.
Suivront en septembre des missions en Hollande, sur Arnhem, l’appareil étant à nouveau touché par des tirs. En décembre 1944, à partir d’Orléans-Bricy, son unité largue vivres et munitions aux troupes au sol dans les Ardennes belges. Une mission de remorquage de planeurs entraîne à nouveau d’importants dommages au SNAFU Special. En mars suivant, l’appareil participera cependant à sa dernière mission de largage de troupes aéroportées en Europe.
Démobilisé, en juillet 1946, ce C-47 passe dans le domaine civil, étant vendu à une compagnie tchèque, la CSA qui comptera une cinquantaine de C-47 en exploitation. Après 14 années d’activité, un appareil est prêté au musée aéronautique de Prague, repeint dans sa livrée militaire puis exposé devant le siège de la compagnie. C’est le SNAFU. Mais son histoire ne s’arrête pas là. Racheté par l’armée française, après être passé par Brétigny et Châteaudun, le voici à Salon-de-Provence en 1961, servant à la formation des pilotes jusqu’en 1968.
Reparti à l’est en 1972, il est utilisé au sein d’une école de mécanique de l’armée yougoslave, puis exposé en statique. C’est là que la commune de Merville-Franceville l’achète grâce à un don fin 2007 du ministère de la Défense de Bosnie-Herzégovine. Les associations Merville-Dakota et Batterie de Merville vont prendre en charge le transport par camions puis la restauration.
Un premier chantier de restauration intervient en 2007, avec la participation de centaines de bénévoles pour remonter la cellule et repeindre l’appareil. Une cérémonie va clôturer ce chantier, avec notamment la présence de deux anciens pilotes américains de l’appareil. En 2014, c’est le classement aux Monuments historiques (MH).
Mais après plus de dix ans en plein air sur le site de la Batterie de Merville, décision a été prise de restaurer l’appareil et de l’abriter sous hangar les mois d’hiver. Le hangar est ainsi achevé en janvier 2021. Le mois suivant, l’appareil rejoint sa nouvelle place pour un chantier de remise à niveau.
Du fait du classement MH, le musée fait appel à des entreprises spécialisées. La demande d’autorisation de travaux reçoit l’accord de la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC). Le chantier a compris décapage par aérogommage de toute la cellule, multiples réparations ou remplacement d’éléments métalliques, remise en état de divers équipements, puis peinture avec les bandes d’invasion du débarquement, le tout effectué avec l’aide de bénévoles de Merville-Dakota.
Après trois mois de restauration, ce C-47 tel qu’il était le 6 juin 1944, a été inauguré en juin dernier. Il est désormais exposé, intérieur visitable durant les mois de juillet et août. ♦♦♦
Photos © Musée de la Batterie de Merville
http://www.batterie-merville.com