Retour sur un raid de B-25 réalisé sur le Japon au départ du pont du Hornet…
Si l’attaque aérienne japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, a permis à Franklin Delanoe Roosevelt de faire entrer les Etats-Unis dans le conflit comme il le souhaitait – son opinion publique y étant opposée auparavant… – il fallait, à défaut de remporter de grandes batailles, rétablir le moral de la population. C’est ainsi que début 1942 est née l’idée de bombarder Tokyo.
Vue la distance à parcourir depuis la base terrestre la plus proche, l’usage d’un porte-avions s’impose et aussi le choix du North American B-25 Mitchell après avoir écarté les B-26 Marauder et B-23 Dragon moins adaptés à la tâche. Les avions sont équipés de réservoirs supplémentaires, les entraînements – décollages courts et navigations maritimes – effectués avec les équipages retenus, sous la direction du déjà célèbre James Doolittle.
Seize B-25 sont ainsi embarqués sur l’USS Hornet, chaque équipage étant pris en photo, posant fièrement devant sa machine. Plusieurs scénarios de l’attaque au-dessus de la capitale japonaise ont été mis au point, avec un bombardement au petit matin du 19 avril 1942 suivi d’un atterrissage en Chine. Mais la task-force américaine va être aperçue par des patrouilleurs japonais, qui seront détruits mais avec la crainte qu’un message radio ait déjà été envoyé.
Le décollage des bimoteurs est donc anticipé ce 18 avril, aux limites de l’autonomie du B-25. Les conditions en mer sont de plus loin d’être idéales mais James Doolittle et son équipage ouvrent la marche, arrachant leur B-25 en extrémité de pont. Les suivants, tassés à l’arrière du navire, seront lancés progressivement en anticipant la sortie de pont des avions avec la montée de la proue du navire suite à d’imposantes vagues. Chaque bombardier poursuivra ensuite sa mission, selon ses propres objectifs car Tokyo n’est pas l’unique cible visée.
Les appareils passeront quelques minutes à survoler Tokyo – et non pas « trente secondes », le temps du largage des bombes et le titre d’un livre et d’un film sorti en 1944 – avant de connaître des destins différents mais tous mouvementés. À court de carburant, certains équipages vont amerrir, d’autres évacuer leur appareil en parachute, un seul se posera en territoire… soviétique, certains seront recueillis par des Chinois, d’autres par les forces militaires japonaises, certains seront exécutés, d’autres emprisonnés.
Au final, au vu des faibles dommages générés sur le Japon, la mission sera du point de vue militaire un échec – au point que James Doolittle a craint de passer en conseil de guerre… – mais un succès psychologique. Pour les Etats-Unis, c’était la première riposte et aussi la preuve que l’archipel japonais n’est pas à l’abri d’une attaque américaine malgré la propagande du Premier ministre Tojo. Les représailles japonaises sur la population chinoise seront phénoménales.
En 90 pages illustrées de 200 photos et 9 profils couleurs de B-25, René Alloin revient sur cet événement, faisant revivre cette mission à haut risque. Le récit aborde l’avant, le pendant et l’après-raid, avec notamment le suivi des 80 membres d’équipage ayant participé à cette mission, il y aura 80 ans dans quelques mois. On découvre ainsi le parcours de ces équipages, leur provenance, leur rôle durant le raid, leur destin y compris leurs activités jusqu’à la fin de leur vie – le dernier est décédé en 2019. ♦♦♦
Photos © US Navy
– Trente secondes sur Tokyo – L’opération Doolittle Raid, par R. Alloin, hors série Avions. 100 p. 17,50 €