Projet de restauration à l’Espace Air Passion pour le planeur Avia Xa n°2.
Offert par Jean Molveau, son propriétaire et conservé à Pont-sur-Yonne depuis des années, cet unique exemplaire d’un planeur de 1930 a été offert à l’Espace Air Passion, le musée aéronautique implanté à Angers-Marcé (49).
L’appareil est emblématique d’une activité de « vol sans moteur » entre les deux guerres, quand divers congrès se sont intéressés à cette nouvelle discipline qui ne s’appelait pas encore « vol à voile ». Des clubs se forment dans le but d’amener la jeunesse à l’aviation, via notamment la construction amateur. Pierre Massenet, ingénieur des Avions Bernard, fait partie des pionniers pour développer ce mouvement.
Ainsi, fin 1929, est créé l’AVIA, reconnue par le ministère de l’Air qui a compris qu’outre-Rhin, privé d’aviation motorisée suite au Traité de Versailles, les concepteurs allemands ont pris de l’avance dans le domaine de la conception et de la construction. Implantée à Paris, avec un bureau d’études, l’AVIA – dont le chef-pilote sera Charles Fauvel – va développer son modèle Xa, soutenue par le journal Les Ailes. Le prototype vole en mai 1930.
Il s’agit de proposer un modèle rustique, peu cher à construire, réalisable rapidement par des amateurs. À l’époque, l’apprentissage du vol se fait sur monoplace après un peu de théorie. Le Xa, inspiré du Zögling allemand, dispose d’un fuselage poutre, non caréné. En cas de dommages, les réparations sont simples. Les premiers Xa vont ainsi sortir des ateliers, lancés dans la pente au sandow, donnant l’occasion au pilote de planer sur quelques centaines de mètres puis de tenir l’air en vol de pente. Le brevet A consiste à réaliser un vol d’au moins 30 secondes… D’autres modèles, plus performants, verront le jour au fil du temps.
C’est ainsi que l’aéro-club sénonais décida de construire un Avia Xa dans son atelier au début des années 1930. En juillet, l’appareil prend son envol lors du meeting de Joigny, Pierre Massenet étant aux commandes, suivi pour un second vol de Michel Détroyat. Ce planeur vole ensuite à Auxerre au sein des Eperviers. Changeant de propriétaire, il est stocké à Sens durant la Dernière guerre, évitant ainsi la destruction. En 1968, il est de retour à Pont-sur-Yonne, exposé en statique avant de se dégrader à l’extérieur du hangar.
Plusieurs collectionneurs en feront l’acquisition avant cette arrivée, en juillet dernier, à Angers. Le fuselage est considéré par l’équipe de l’EAP « en relatif bon état » pour être exposé prochainement au public pendant que la restauration des ailes sera entreprise dans les ateliers. Un état des structures a déjà été dressé.
Christian Ravel, en charge des recherches historiques, précise que l’appareil étant unique, un dossier de classement à l’inventaire des Monuments historiques est prévu, ce planeur devant être présenté en statique au sein du musée. Ce dernier dispose déjà d’une réplique de l’Avia 152, un modèle plus sophistiqué du même constructeur, avec cockpit caréné. ♦♦♦
Photos © EAP