Courte finale pour un rare exemplaire du chasseur français de la Dernière guerre.
Dans les ateliers du musée de l’Aéronautique navale, situé sur l’ancienne base de la Marine nationale à Rochefort (17), un D-520 est dans la dernière ligne droite de son chantier de restauration. Prêté par le musée de l’Air et de l’Espace, stocké de nombreuses années puis la restauration entamée à petite vitesse, celle-ci s’est accélérée ces derniers temps.
Dans le hangar baptisé St Trojan, une vingtaine de membres bénévoles de l’Association nationale des amis du musée de l’Aéronautique navale (ANAMAN) participent à différents projets. D’un côté, un Marcel Dassault MD-312 Flamant, de l’autre un North American Harvard II, ailleurs un hélicoptère Vertol H21C. Au centre, le Dewoitine D-520, avec un Breguet Alizé en arrière-fond dont le revêtement a été en partie retiré pour en faire un « écorché » pédagogique.
Ce dernier est en fait le résultat d’un composite d’éléments, le fuselage étant celui du n°650, l’aile portant l’identification du n°978 et les empennages celle du n°377. Le fuselage était celui d’un rare D-520 transformé en version biplace, qu’il a fallu remettre au standard du chasseur monoplace emblématique de la Bataille de France. Il a fallu refaire une partie de la partie avant, avec notamment les capots moteur, le cône d’hélice, le carénage du radiateur ventral. Les gouvernes de profondeur ont été réentoilées selon les méthodes de l’époque, lardage compris. Les dernières interventions portent actuellement sur la verrière et la décoration.
Après quelques hésitations, ce Dewoitine portera une « vraie » décoration d’époque, sous les cocardes de l’Aéronautique française, même s’il s’agit d’un appareil aux couleurs de l’unité 2AC, implantée en Afrique du Nord dans les années 1940-1942, soit sous les couleurs de Vichy. La flèche courant le long des flancs sera retouchée prochainement et le blanc autour de la cocarde élargi pour s’approcher au plus près de la vérité historique. Le « Donald Duck » de l’unité est déjà peint sur le flanc gauche, en arrière du cockpit.
Côté cockpit, une instrumentation d’époque a été mise en place avec de plus la réalisation « faite maison » d’un collimateur OPL 392, tel que produit à l’époque par la société Optique de précision de Levallois (OPL), équipement entièrement réalisé sur place dans les ateliers du musée sur la base de photographies, en l’absence d’une documentation technique d’époque. La qualité du travail des équipes dirigées par Ch. Brothier a permis au musée d’obtenir dernièrement le label Atelier Patrimoine aéronautique vivant (APAV) de l’AeCF/RSA.
Prochainement, ce D-520 devrait ainsi rejoindre l’autre hangar, baptisé Dodin, constituant la collection présentée au public. Il y sera présenté en statique au milieu d’une belle brochette d’appareils ayant été utilisés au fil des années par l’Aéronautique navale, du planeur Caudron C-800 de sélection des pilotes au sortir de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’au Vought Crusader en passant par les Etendard, Super Etendard, Jaguar Marine (l’unique !), Fouga Zephyr, Morane-Saulnier Paris, Douglas C-47, Lockheed P2V-7 Neptune et autres… ♦♦♦
Photos © F. Besse / aeroVFR.com