Le Corpo Aero Italiano sur le front de la Manche au début de la Seconde Guerre mondiale.
Après une longue série consacrée aux missions des Boeing B-29 SuperFortress au-dessus du Japon, la revue trimestrielle « Batailles aériennes » innove avec un épisode méconnu de la Bataille d’Angleterre, l’implication d’un contingent de la Regia Aeronautica envoyée en Belgique par Mussolini, le dictateur italien ne voulant pas être en reste vis-à-vis de son homologue allemand.
Mais cette intervention italienne ne brilla pas par son efficacité. Alors que la Luftwaffe pour limiter ses pertes passait aux bombardements nocturnes avant d’être orientée vers le front de l’Est, la Regia Aeronautica était équipée essentiellement pour des missions de jour… Avions dépassés avec notamment des biplans à cockpit torpédo (Fiat CR-42) face aux Hurricane et Spitfire, appareils mal équipés (transmission par Morse et non par VHF pour les bombardiers…), équipages revêtus de combinaisons trop légères et surtout non préparés à subir les conditions météorologiques du nord de l’Europe bien différentes de celle de la Botte italienne, pilotes manquant d’expérience en pilotage sans visibilité.
C’est donc en septembre 1940 que le Corpo Aereo Italiano (CAI) prit corps avec 75 bombardiers, une centaine de chasseurs, sans parler d’avions de reconnaissance et de transport. Cette unité fut répartie sur quatre aérodromes belges sans grandes installations et plus éloignés des côtes anglaises que les terrains utilisés par la Luftwaffe. Les premières pertes furent enregistrées dès le convoyage Italie-Belgique qui nécessita plusieurs semaines pour certaines unités.
Pour la suite, ce furent quelques missions de jour puis finalement de nuit où le manque d’expérience des équipages, le niveau totalement obsolète des chasseurs, un armement non fonctionnel sous faible température révélèrent le « décalage » de la force aérienne italienne dans un conflit « moderne ». Après de nombreuses pertes, en combat ou à l’atterrissage, le Corpo Aereo Italiano regagna l’Italie durant le premier trimestre de 1941, avant d’être réorienté vers la Libye.
Si la propagande mussolinienne camoufla le revers, l’épisode fut un échec avec des pertes et aucune victoire, révélant ainsi une armée de l’Air italienne inadaptée. Même si les pilotes firent preuve de courage, ils ne pouvaient égaler les chasseurs anglais dont les pilotes bénéficiaient, de plus, de l’alerte grâce au réseau de radars dans le sud de l’Angleterre. Début 1941, l’épisode italien prenait fin, avions et équipages rejoignant les cieux plus cléments de l’Italie.
Après quelques articles déjà parus sur le sujet, Cynrik de Decker publie en 96 pages une synthèse sur cette aventure désastreuse, très bien illustrées de près de 200 images d’époque dont certaines en couleur, le tout complété par 18 profils couleurs signés Eric Schwartz. Un épisode de la Dernière guerre peu ou pas connu à (re)découvrir. ♦♦♦
– Le Corpo Aereo Italiano, par C. de Decker. Batailles aériennes n°98. Et. Lela-Presse. 100 p. 12,50 €