Un hommage au trimoteur utilisé par le transport militaire français.
Hugo Junkers s’est fait connaître en tant qu’ingénieur aéronautique par son principe de construction avec un revêtement en tôle ondulée qui sera développé pour plusieurs appareils de transport. Le Ju-52 sera de ceux-là avec un prototype monomoteur conçu pour la Lufthansa. Pour améliorer les performances, il deviendra le Ju-52/3m avec deux moteurs supplémentaires sur les ailes.
Alors que le concepteur a été écarté de son entreprise, passée sous contrôle du parti national-socialiste d’Adolphe Hitler, le Ju-52 va rencontrer le succès, avec plus de 4.300 exemplaires produits, principalement pour un usage militaire en Espagne et en Allemagne. Il sert de bête de somme pour le transport vers le front, la logistique, les liaisons. Durant l’occupation en France, les établissements Amiot produiront 538 exemplaires. A la Libération, la chaîne d’assemblage française sera maintenue avec 435 appareils supplémentaires, le type passant de Ju-52 à AAC1 pour Ateliers aéronautiques de Colombes. La Tante Ju est alors rebaptisée Toucan.
Le trimoteur à la silhouette incomparable – avec ses volets décalés par rapport à la voilure, son train fixe, sa cellule « carrée » et son revêtement particulier – va ainsi servir à relancer l’aviation tricolore. Le type sera notamment utilisé pour rapatrier des milliers de personnes. Aux côtés d’Air France et d’autres compagnies, en parallèle avec des DC-3/C-47, l’armée de l’Air et l’Aéronavale en seront d’importants utilisateurs jusqu’aux années 1960 !
Pour cet ouvrage dans la collection Profils Avions des éditions Lela-Presse, les trois auteurs se sont concentrés sur les Junkers Ju-52 et AAC-1 Toucan utilisés sous les cocardes françaises. 458 pages auront été nécessaires pour regrouper 800 photos, 50 profils mais aussi retracer la carrière des différents appareils au sein des unités aériennes. L’historique du modèle ouvre l’ouvrage avec également un chapitre sur les caractéristiques techniques de l’appareil. 80 pages seront nécessaires pour établir la liste de production. Dans les annexes figurent les « fiches VAC de l’époque » en Indochine pour les principaux terrains utilisés.
Si les différentes unités utilisatrices du type sont passées en revue, avec leur histoire, leurs insignes, leurs décorations spécifiques, leurs opérations, les multiples incidents et accidents, l’intérêt principal de l’ouvrage provient assurément des nombreux témoignages d’acteurs, avec les inévitables anecdotes racontées par des « anciens du Ju », qu’ils soient pilotes, mécaniciens ou radio-navigants – d’une panne de deux moteurs en vol à un atterrissage de nuit à Orly en croyant être au Bourget !
Au final, du bel ouvrage, sauvegardant sur le papier un pan de l’histoire de l’aéronautique militaire française et rendant hommage à la Julie, appareil fiable et robuste si ce n’est très performant. On notera au passage que les trois mêmes auteurs ont déjà proposé, un an auparavant, un ouvrage intitulé « Les C-47 sous les cocardes », selon un schéma similaire pour son contenu, soit 448 pages avec 1.300 photos ! ♦♦♦
– Les Junkers Ju-52 et AAC.1 Toucan sous nos cocardes, par P. Cornu, G. Millas et R. Queurty. Profils Avions n°38, Ed. Lela-Presse, 448 pages, 56,00 €