Le premier film de Jean-Paul Belmondo…
Tourné en 1956 sur les terrains d’aviation de Méry-sur-Oise (aujourd’hui disparu) et de Moisselles, « Dimanche nous volerons » est le premier film de Jean-Paul Belmondo. Financé par la CGT, il ne sortit en salle qu’en 1967 après un court passage en 1957 par l’Allemagne de l’Est. Il semble qu’aucun fim n’ait depuis lors tenté de dépeindre la vie intime d’un aéro-club et des constructeurs amateurs. C’est pourtant ce qu’avait fait la Cooperative Générale du Cinéma, émanation de la CGT, avec « Dimanche, nous volerons ! ».
Le scénario est simple, comme les personnages qui l’animent : un groupe de jeunes travailleurs d’une usine de constructions aéronautiques caressent le rêve d’avoir leur « piège » pour voler le dimanche. Il y a là Casti qui profite de ses jours de repos pour offrir à un club ses services payables en temps de vol, Trébois (Jean-Paul Belmondo) qui promenait jusque-là, sans conviction et sans but, sa carcasse dégingandée, sa guitare et ses dix-huit ans. il y a le chef de l’aérodrome (Michel Piccoli), il y a aussi Jean Raymond, dit RAF, auquel ses services dans l’aviation de guerre lui ont valu ce surnom, et aussi tous les « La Goupille » qui ne rêvent que d’évasion… et un ouvrier à la cantine joué par Bernard Fresson.
Grâce à la construction-amateur, ils se groupent tous, poursuivant un rêve, animés par un même idéal atteignant finalement, au prix de maints efforts, leur objectif : un beau dimanche, ils voleront sur « leur » appareil.
Jean-Paul Belmondo a 23 ans. Après avoir échoué deux fois au concours du Conservatoire, il se met à jouer de petits rôles au théâtre. C’est dans un café d’en face que le réalisateur du film, Henri Asner, le remarque et l’embauche. Il retrouve dans ce film le « chef de place » directeur de l’aérodrome qui va brasser l’hélice et démarrer le Piper J-3 de son premier vol, le Cub de son baptême de l’air. C’est un Michel Piccoli agé de 30 ans, fort de son expérience, qui apparait sur l’écran.
Cette scène fut tournée à Moisselles, terrain qui est resté dans son jus de l’immédiat avant-guerre, avec un Piper Cub, avion qui fit les beaux jours des aéro-clubs des années 1950. En 1945, les Américains laissèrent en Europe une quantité impressionnante de Piper J-3 ou L-4 comme nommé dans l’armée US. Le gouvernement s’opposa à l’immatriculation de Piper L-4 sur le registre français au motif qu’il fallait permettre à l’aéronautique nationale de redémarrer.
Aussi, les pilotes de ces années-la bavaient d’envie en voyant des Piper J-3 des autres pays européens se poser sur les aérodromes de l’Hexagone alors qu’ils étaient contraints à acheter des avions équivalents valant deux fois plus cher. Ceci dura jusqu’au debut des années 1950.
La CGT ne fut que moyennement satisfaite de ce film qui montrait des ouvriers de l’aéronautique au travail, trouvant une activité saine de week-end. On était un peu dans la continuité de l’aviation populaire de 1936. Mais comme en 1936, la réalité économique était là et imposait une recherche de financement dure à trouver. Et dans le film, cette recherche sentait trop fort le bricolage.
La CGT ne fit aucun effort pour le distribuer. Seul un casting devenu populaire et un changement de titre en « Les copains du dimanche » firent que la télévision d’Etat le diffusa en 1967. Quel plaisir de voir maintenant nos monstres du cinéma dans leur éclatante et sympathique jeunesse…
Le film « Les copains du dimanche » fut longtemps disponible sur Youtube. On peut aussi le trouver en DVD. ♦♦♦ Jean-Philippe Chivot