Un carburant Avgas sans plomb autorisé aux USA pour l’aviation générale.
Cela fait 11 années qu’un groupe de chercheurs américains, entraîné par George Braly et Tim Roehl, se sont lancés face au défi de trouver un carburant destiné à l’aviation générale mais sans le moindre gramme de plomb contrairement à la 100LL (Low Lead, faible teneur mais présente de tétraéthyle de plomb ou TEL en anglais). Si l’interdiction du plomb dans le carburant automobile s’est mise en place en Europe à partir de 2001, ce n’est toujours pas le cas pour les moteurs d’avions suite à des problèmes de détonation notamment.
Sous le nom de General Aviation Modification Inc. (GAMI), après de multiples essais sur bancs au sol puis en vol, ils ont obtenu récemment deux Supplementary Type Certificate (STC) de la part de la FAA. Ces STC, en date du 23 juillet dernier, ont été dévoilés officiellement le 27 juillet lors d’une conférence durant l’AirVenture de l’EAA à Oshkosh.
Le premier STC autorise l’usage de ce nouveau carburant baptisé G100, de couleur ambre, dont l’indice d’octane serait proche de 150/160 (contre 130 pour la 100LL), permettant ainsi son usage sur les warbirds, appareils utilisant à leur époque de la 115/145 (violette) disparue depuis plusieurs décennies. Le second STC, avec un premier listing de moteurs et de cellules, couvre pour l’instant un nombre limité de Lycoming et de Cessna.
La GAMI met en avant les atouts suivants pour sa G100 : conservation ou amélioration des performances des moteurs, diminution des coûts d’entretien en l’absence de plomb et augmentation possible des TBO, possibilité d’étendre les intervalles entre les vidanges périoques, absence de problèmes de démarrage à froid, meilleure conservation dans le temps (test sur 3,5 années en conditions chaudes et humides en Floride), etc. La G100 peut être mélangée à la 100LL ou à de l’essence automobile. Les essais de validation du carburant ont été effectués en visant son usage par un moteur turbocompressé à fort taux de compression.
L’usage de la G100 imposera l’achat du STC, dont le montant n’est pas encore déterminé mais il sera lié à la puissance du moteur. Pour une première phase de diffusion, la GAMI est en négociation avec l’école de pilotage Embry-Riddle Aeronautical University pour un usage du carburant par sa flotte de Cessna 172, le marché des écoles de pilotage étant visé initialement.
Tout ceci se passe à petite échelle au Etats-Unis. Il faudra attendre plusieurs années pour que ce carburant se… répande dans le monde entier s’il confirme tous ses atouts pour supplanter la 100LL actuelle, selon la stratégie des pétroliers, notammnent BP et Total en Europe. En attendant, la GAMI a passé un contrat avec Avfuel pour envisager la production et la distribution de sa G100. Le prix de sortie de raffinerie est annoncé supérieur à celui de la 100LL d’environ 60 à 85 cents par gallon (3,78 litres).
Ces derniers jours, rebondissant sur ces informations, l’IAOPA-Europe a diffusé une newsletter spécifique au carburant Avgas 100LL, utilisé par environ 16.000 aéronefs en Europe. L’organisation rappelle l’existence de l’European Union Chemicals Agency (ECHA), agence européenne qui a mis en place il y a quelques années son programme REACH (Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals). Ce dernier a bien ciblé la 100LL suite à l’usage du plomb bien que classé comme composant nocif pour la santé. On y apprend que le dernier producteur au monde de tétraéthyle de plomb se trouve en Grande-Bretagne.
Il reste encore à vérifier que les éléments constitutifs de la G100 répondent aux normes européenes. En juin dernier, la Commission européenne a émis une recommandation visant à exiger une autorisation pour importer du tétraéthyle de plomb. L’étau se resserre donc sur la 100LL – notamment en Europe avec une butée fixée actuellement à 2023/2024 – et la brèche créée par la GAMI et ses STC relance à point le débat sur la disparition souhaitée de la 100LL si un carburant alternatif comparable est proposé sur le marché. On notera qu’il y a un an environ, l’optimisme ne régnait pas outre-Atlantique pour trouver un carburant alternatif à la 100LL. ♦♦♦
Photo © GAMI