Disparition de Jean-Marie Klinka, l’ingénieur-pilote à la base notamment de multiples avions de voltige.
Ce dernier week-end, Jean-Marie Klinka nous a quittés. Pilote planeur à 16 ans et avion à 18 ans au club du Mans, après une formation aux Arts et Métiers (ENSAM) et un stage au sein de la société Bertin, il avait rejoint l’équipe de la CAARP (Beynes puis Bernay) qui allait devenir les Avions Mudry, société animée par Auguste Mudry.
Après avoir suivi comme observateur attentif les championnats du monde de voltige à Salon-de-Provence en 1972, à la demande d’Auguste Mudry pour imaginer l’avenir de l’aviation de voltige, sa première intervention au bureau d’études sera la modification du Cap-20 (200 ch) en Cap-20/260, une version 6-cylindres (260 ch) du monoplace de voltige prévue pour l’Équipe de voltige de l’armée de l’Air mais qui n’aura pas de suite. En 1974, il devient responsable du bureau d’études.
Au bureau d’études, il participera à l’évolution de la gamme des avions produits à Bernay, du Cap-20L au 232 en passant par le 21 ou le 231EX dont l’aile a bénéficié de l’aide de Walter Extra. Il travaille également sur le biplace économique Cap-X. Professeur à l’ENSICA, il a fait connaître le logiciel Catia à de nombreux étudiants et y développe en 1988 une technologie bois-carbone qui sera reprise par d’autres constructeurs.
Ayant quitté Bernay, il avait alors fondé en 1990 un bureau d’études indépendant (SERMA) à Orléans, à proximité de l’école d’ingénieurs dirigée par Michel Mudry (fils d’Auguste) et bénéficiant d’une soufflerie. C’est là que furent, entre autres, conçus les sièges des TBM, le Fournier RF-47 ou encore l’Oryx, un biplace en composites développé en CAO pour une diffusion en kit. Ses travaux l’avaient amené également à travailler sur des drones pour la Sagem, le train de l’ATL, les winglets de planeur pour Centrair, ou encore des éoliennes.
Ingénieur-pilote, formé à la voltige par Daniel Héligoin (French Connection) et Louis Pena, lâché sur différents Cap (du 10 au 21), copropriétaire d’un Bébé Jodel, il avait également fait dans les années 1970 des présentations en voltige sur le planeur Salto, prévu un temps en diffusion par Mudry. Il y a quelques années, à la demande de Jean-Marie Saget, il s’était penché sur une modification majeure concernant le Cap-10B, limité en facteurs de charge. Spécialiste des longerons bois-carbone, il avait ainsi défini le dimensionnement des voilures modifiées ainsi pour passer du Cap-10B au Cap-10BK (K pour Klinka).
Après un passage par la Sagem de 1999 à 2002 comme ingénieur en charge de la certification des drones, il avait rejoint en 2002 la DGAC, y achevant sa carrière professionnelle au bureau de certification des avions lgers, toujours passionné par les aéronefs et les structures, intervenant notamment sur des projets atypiques comme celui du Mosquito échelle 0.75.
Sensible aux difficultés des pilotes handicapés des membres inférieurs, il s’est impliqué dans l’adaptation des « malonniers » pour donner accès à la voltige aux pilotes handicapés. Ces dernières années, il avait été consulté par la société Aura Aéro (Francazal) lors de la définition de la gamme des biplaces de voltige Intégral
Il avait témoigné de sa vie « d’ingénieur au service de l’aviation légère » dans un ouvrage intitulé « Voler ou ne pas voler, telle est la question » (Édition Mémoire de l’Aviation civile/DGAC), évoqué ici et là. On y découvre la longue épopée depuis le Cap-10B jusqu’aux derniers monoplaces conçus à Bernay, via la victoire de Coco Bessière aux championnats du monde de 1990 à Yverdon, aux commandes d’un Cap-230, parcours technique auquel Jean-Marie Klinka a grandement participé… ♦♦♦
Photo tirée de la revue « Aviation civile » de la DGAC.