…ou comment choisir son lieu de loisir aéronautique.
Pour choisir un aéro-club, plusieurs critères doivent être pris en compte :
– le premier critère de choix est le temps de transport entre domicile et aérodrome,
– le second est la… qualité et la chaleur de l’accueil.
Viennent seulement ensuite des critères plus techniques : disponibilité du ou des instructeur(s), style ou type des avions ou ULM dans la flotte, organisation de sorties aériennes, etc. Et pour finir, le prix de l’heure de vol.
On constate que le coût moyen d’une année de loisir aérien reste assez semblable à celui d’une année de… golf. Or on dénombre 600.000 pratiquants du golf et 55.000 des loisirs aériens motorisés Pourquoi cette différence énorme d’attractivité alors que chacun, dans son enfance, a pu rêver de piloter un avion et que bien peu se sont vu frappant une balle de golf !
Ces deux loisirs se font au grand air, demandent de la concentration – celle-ci permet d’oublier ses soucis quotidiens – et enfin de la technicité, ce qui assure une progression dans la pratique du loisir. Cette différence tient au fait que le golf a toujours été conçu comme un pur loisir alors que l’aviation légère traîne derrière elle d’avoir été longtemps la première marche vers un métier, celui de pilote pour des vols commerciaux ou militaires.
L’évolution de la société est en train de changer la situation. Pour survivre, le vol en machine volante privée doit être pleinement et exclusivement envisagé comme un loisir. Un loisir certes relativement onéreux qui, pour se développer, doit être une source de relations sociales. Ainsi, pour l’aviation, le club-house fut dès ses débuts, en 1930 en Grande-Bretagne, le lieu où, comme à la maison, épouses, enfants et amis se retrouvaient – comme ici au London Air Park, en 1930, avec des De Havilland Moth sur le parking…
Est-ce toujours le cas de nos jours ? Pour ce faire comparons l’intérieur des club-houses des aéro-clubs et celui des clubs de golf.
Tout d’abord le cas des club-houses d’aéro-clubs : leur intérieur ressemble malheureusement trop souvent à celui des salles d’attente de cabinet médical, y compris avec leur stock de vieilles revues et avec, parfois, un embryon de bar avec pompe à bière.
Pas très accueillant pour une vie associative de fin d’après-midi pluvieux d’autant que, fréquemment, ces club-houses recueillent les meubles de salon usés dont les vieux membres veulent se débarrasser. Voici un panorama trouvé au gré des consultations sur internet.
Pourtant certains club-houses d’aviation, surtout en Grande Bretagne, sont encore des lieux chaleureux. On y trouve parfois des jeux de société, des jeux d’adresse. Quelques exemples ci-dessous
Et les « aviosuperficie » ULM en Italie ne sont pas en reste.
Maintenant voyons du côté des club-houses des terrains de golf… On constate tout de suite qu’une vie sociale entre familles de membres s’y installe après la partie sur les greens. Les intérieurs sont plus luxueux que ceux de l’aviation, ce qui est étonnant quand on compare le prix d’achat d’un quadriplace neuf à celui d’une moquette assortie de quatre fauteuils clubs trouvés sur le bon coin.
Ainsi pour que vive l’aviation de loisir dans l’évolution actuelle de la société, il faut que son cadre et son fonctionnement s’adaptent aux nouvelles habitudes. J’aimerais trouver un club-house d’aéro-club qui s’inspire de ce club-house américain dans lequel le simulateur de golf aurait été remplacé par un simulateur de vol dernier cri.
Le club-house doit donc être un endroit convivial où la femme et les enfants du pilote passent des moments agréables pendant que celui-ci attend le créneau horaire de son vol de loisir, vole ou rentre l’avion au hangar. Il faut donc offrir des distractions pour tout âge : jeux de cartes, jeux d’adresse ou encore cours de cuisine, de langues, etc.
En conclusion, comment faire évoluer la qualité de l’accueil, deuxième critère de choix d’un aéro-club, dans un milieu où les piliers du club-house sont l’instructeur et les vieux licenciés à la retraite. La plupart du temps cette qualité de l’accueil n’est pas le problème de l’instructeur, plus occupé à transmettre sa science qu’à rendre l’après-midi et le vol agréable à un élève payant le prix fort.
Aussi la qualification d’instructeur devrait-elle comprendre des chapitres sur les relations humaines venant s’ajouter aux grands discours sur les axes de tangage roulis et lacet.
La chaleur de l’accueil n’est pas non plus le problème des vieux moines officiant chaque week-end dans la salle de l’aéro-club, vieux moines qui considèrent tout pilote dans la force de l’âge comme un intrus incapable de garer et de quitter un avion en respectant l’Évangile non-dit de l’aéronautique fédérale.
Certes, la médiocrité de l’accueil existe aussi parfois dans les golf-clubs. Mais le prix d’une escalope de gazon frais ou celui d’un sac de golf n’a rien à voir avec celui d’une verrière d’avion fendue ou d’un gnon dans un bord d’attaque. Ceci explique peut-être, en partie, la différence d’attractivité entre les deux loisirs – golf et aviation… J’aime à penser que cela ne reste qu’une simple supposition. ♦♦♦ Jean-Philippe Chivot
Photos et illustrations via l’auteur