Naissance, brève apogée et déclin rapide d’un avion militaire en 1914…
Infatigable, Claude Thollon-Pommerol poursuit la publication de fascicules consacrés aux années 1910-1918 avec notamment la Première Guerre mondiale et les « as oubliés ». Le 24e de la série est consacré aux Blériot militaires. Début 1909, Louis Blériot est au bord de la faillite en se ruinant à développer de multiples « aéroplanes » qu’il essaye en vol, le pionnier finissant souvent ses vols en « cassant du bois » à l’atterrissage.
Mais le 25 juillet 1909, sa traversée de la Manche va le propulser de plus-très-riche-pionnier à premier-industriel-aéronautique-au-monde car son Modèle XI type « Traversée de la Manche » devient du jour au lendemain le modèle de l’avion idéal. Les commandes et les demandes de licences affluent. Parmi elles, des commandes de l’armée française qui forme déjà, début 1910, quelques pilotes à Pau.
Tout est à découvrir pour appréhender l’avion idéal pour le champ de bataille. Un concours militaire aura lieu en 1911 pour évaluer différents modèles proposés par les multiples constructeurs. Dans la période d’avant-guerre, les bureaux d’études sont très actifs pour trouver le « produit » le mieux adapté afin de signer des contrats avantageux. La réussite médiatique de Louis Blériot est un atout dans les négociations pour mettre en avant un certain niveau technique et de fiabilité.
Les Blériot XI vont ainsi porter les cocardes mais leur cellule reste fragile, entraînant quelques accidents qui poussent l’état-major à suspendre un temps les vols de ces monoplans en 1912. Des essais statiques seront alors menés pour valider la résistance. On expérimente aussi un Blériot XI surmonté d’une structure devant lui permettre en vol de s’accrocher à un câble pour un usage en mer, le long d’un navire de guerre. En 1913, de grandes manoeuvres évaluent l’usage de l’arme aérienne avec des avions qui voyagent encore par train ou sur remorques avant d’être remontés sur le terrain d’aviation.
Au déclenchement de la guerre, l’armée n’a pas encore pris en compte l’intérêt de la supériorité aérienne au-dessus de la ligne de front. Il faudra en effet attendre 1916 pour que la chasse aérienne prenne réellement son envol. Jusque là, les « aéroplanes » servent essentiellement à la reconnaissance et au réglage de l’artillerie même si certaines expérimentations d’armement embarqué voient le jour, comme ce Blériot biplace armé par Jules Védrines, un appareil qu’il a surnommé « La Vache » car ventru et peu maniable.
Mais dès le début 1915, les Blériot XI sont retirés du front, relégués dans les écoles de pilotage car inadaptés aux missions nécessaires et aux attaques de l’adversaire, par leurs faibles performances. Louis Blériot n’est cependant pas inquiet. Après qu’Armand Deperdussin ait été condamné pour détournement de fonds et sa Société de Production des Avions Deperdussin (SPAD) ait fait faillite, celle-ci a été rachetée par Louis Blériot qui la renomme Société pour la Production d’Avions et Dérivés (SPAD). Il récupère ainsi le précieux et talentueux Louis Béchereau – on lui doit les premiers 200 km/h par Prévost sur un Deperdussin monocoque en 1913 – concepteur des Spad VII et XIII, les meilleurs chasseurs de la Grande Guerre avec le Fokker D-VII.
Rapidement écartés, les Blériot XI militaires sont ainsi ressortis de l’oubli par ce fascicule de 100 pages, agrémenté de clichés d’époque, qui retrace leur utilisation par l’armée. On y retrouve notamment l’équivalent d’un journal de marche, avec au jour le jour les différentes missions menées au-delà du front, en territoire ennemi, par des équipages à bord de ses frêles structures pour permettre à l’observateur de noter des mouvements de troupe…
Y figure aussi en petit format le fac-similé de la « Notice sur le montage et le réglage des appareils Blériot 50 HP monoplan type XI 1913 ». Pour amateur de la période et/ou du constructeur. ♦♦♦
Photo © Cahiers des As oubliés de 14-18
– Chronique des Blériot militaires, par Claude Thollon-Pommerol, Cahier des As Oubliés de 14-18 n°24, 100 pages, 13,00 €. http://www.asoublies1418.fr