Une campagne de sensibilisation aux pertes de contrôle en tour de piste lancée par la… CAA britannique.
Même si la Manche sépare la France de la Grande-Bretagne, sans parler du Brexit en cours, le comportement des pilotes ne doit pas être très différent… D’où l’intérêt à porter à une campagne de sécurité lancée ces derniers mois par la CAA « pour sensibiliser aux incidents de perte de contrôle en vol dans le domaine de l’aviation générale ». Selon l’Autorité britannique, les pertes de contrôle outre-Manche représentent 20 % de tous les accidents de l’aviation générale et 44 % de tous les décès.
Sachant que « la plupart des accidents d’aviation de loisir sont le résultat de facteurs humains et que l’éducation et la formation continue sont essentielles pour améliorer le niveau de sécurité général au sein de l’aviation générale », la campagne de sensibilisation, prévue durant six mois, « examinera comment se produisent les pertes de contrôle et comment les pilotes de l’aviation générale peuvent les éviter ». La perte de contrôle dans le circuit reste le premier objectif de la campagne, avec une première brochure éditée sur le virage en étape de base (téléchargeable en bas de cet article). Elle est intitulée « Stay in control when turning base leg » (Conservez le contrôle lors du virage en étape de base ».
Le document rappelle que la perte de contrôle à hauteur de circuit pardonne peu, s’achevant souvent en décrochage ou vrille. La cause, une incidence trop forte… La CAA souligne qu’un tour de piste représente une forte charge de travail si l’on prend en compte toutes les actions à mener en quelques minutes : décoller, monter, mise en palier, virages, préparation de la machine, changements de configuration avec variations de la puissance, compensation, tenue des paramètres en approche, arrondi, sans parler des messages radio.
Le dernier virage est souvent le lieu où la charge de travail peut encore augmenter, avec la captation de l’axe, du plan, surtout si le vent n’est pas coopératif, entraînant un dépassement de l’axe (overshoot). Des problèmes de parallaxe dus à la disposition côte à côte des appareils peut entraîner le fait suivant : un pilote aura tendance à piquer dans un virage à gauche et à cabrer dans un virage à droite. Le circuit visuel doit être bien adapté à chaque segment du tour de piste.
Une autre phase de vol mise en avant par la CAA est la montée initiale, si la compensation n’a pas été bien réglée au départ par exemple. Mais sont encore cités un manque de vigilance entraîné par l’écoute de la radio, des interventions orales de passagers, la recherche visuelle d’autres trafics, une désorientation en arrivant sur un aérodrome inconnu, un changement de piste, etc. On peut encore rajouter les facteurs météo avec turbulence, cisaillement de vent, vent de travers. Le vent peut être très différent au sol et à hauteur de tour de piste…
Il ne s’agit donc pas d’aller faire simplement « quelques circuits » car, comme on l’a vu, l’exercice est exigeant, regroupant un grand nombre de manoeuvres en un temps réduit. Avant de décoller, la CAA recommande donc d’user du concept TEM (Threat and Error Management ou Gestion des erreurs et des menaces). ♦♦♦
Photo © F. Besse / aeroVFR.com