Trois tomes pour découvrir les règles de l’art de la remise en état de vol d’un avion à partir d’une épave…
En 2016 paraissait le premier tome d’une trilogie concernant la restauration des avions. Le troisième et dernier de la série est sorti l’an passé mais il n’est pas trop tard pour en faire état car la somme d’informations rassemblées par Nigel Stevens en fait « la » ressource incontournable pour tout chantier de remise en état dans les règles de l’art.
Les données, les documents techniques, les schémas et photos illustrant les propos ont été accumulés en près de vingt années passées à transformer une épave d’un De Havilland Chipmunk jadis utilisé par l’Egyptian Royal Air Force en un biplace de collection qui, en 2019, a remporté l’une des coupes attribuées lors du Grand Prix du Patrimoine.
Ainsi, en deux décennies, l’auteur aura parcouru tout le chemin que suivent les restaurateurs d’aéronefs anciens quand le chantier débute avec la récupération d’une épave. Ainsi, le premier tome (192 pages), après avoir abordé le choix et la gestion du projet, présentait la « panoplie » du restaurateur avant de passer en revue les connaissances à avoir en matière de boulonnerie, quincaillerie, métaux, entoilage et non-métaux.
Le deuxième tome (206 pages) rentre dans le concret avec le transport, le démontage et le stockage de l’épave, avant démontage et nettoyage pour inspection des structures métalliques. Les chapitres suivants aborde la motorisation, avec le moteur mais aussi les carburants et lubrifiants ainsi que les hélices. Nigel Stevens a fait une carrière dans les carburants et lubrifiants pour moteurs à piston pour le compte d’un pétrolier, ce qui permet d’avoir quelques rappels techniques mais aussi historiques sur le sujet. Les règles de l’art propres à la restauration d’un avion sont rappelées.
L’auteur aborde également les problèmes de fatigue des structures, phénomène concernant principalement les métaux. Y sont traités les éléments sujets à la fatigue, les criques, les limitations de potentiel, les modifications envisageables. Le tome 2 s’achève par des chapitres sur les tableaux de bord, les instruments, le poste de pilotage et les commandes de vol.
Le tome 3 (194 pages) entraîne le lecteur dans un premier temps dans les domaines de l’électricité (câbles, composants) avant d’aborder les traitements anti-corrosion avant peinture. Plusieurs chapitres s’intéressent à la décoration, à la conhérence des marquages et des symboles (les caractères des immatriculations ne sont pas identiques pour un avion français, anglais ou américain…), l’identification des couleurs, la peinture des marquages et des symboles.
Il est alors temps de remonter la structure, d’installer le moteur, les carénages, les équipements de sécurité et de sauvetage. L’analyse des éléments et leur remontage ont permis de lister les tâches à effectuer dans le temps, avec la liste des inspections à mener régulièrement d’où la nécessité d’établir un programme d’entretien, pouvant servir de document d’enregistrement du travail effectué. Cela fait partie d’ailleurs de la procédure pour obtenir un CNRAC, Certificat de navigabilité restreint d’aéronef de collection.
L’auteur passe ensuite en revue toutes les vérifications à faire au sol avant de mener les essais en vol de l’appareil remis en état après parfois des années et milliers d’heures passées à l’atelier – 5.200 dans le cas du Chipmunk remis au standard égyptien. Il sera alors temps de regrouper toute la documentation, technique et historique, de l’appareil. Le dernier chapitre aborde la présentation en vol car il n’est pas rare qu’un avion de collection récemment achevé soit sollicité pour participer à un rassemblement.
Ainsi, en près de 600 pages dont les informations théoriques ont été recueillies à la suite de recherches dans différents domaines techniques et dont les conseils pratiques sont issus de l’activité menée lors d’un chantier de restauration, l’auteur a constitué un vade mecum du restaurateur, très complet et instructif – on oubliera quelques coquilles ou erreurs orthographiques (Neil Williams et pas Niel…). Le tout est bien illustré de documents historiques ou de photographies faites au cours de la restauration du Chipmunk.
La plupart des chapitres s’achèvent par des références bibliographiques permettant au lecteur d’aller plus loin s’il le souhaite. On découvre au passage que ces références sont souvent anglo-saxonnes, ce qui renforce l’intérêt de ces trois tomes, seuls en langue française sur le domaine considéré. Ces trois tomes rassemblent sous une forme agréable à lire ou à consulter de multiples articles parus ces dernières années dans les pages des Cahiers du RSA. Leur intérêt méritait assurèment cette publication sous la forme d’ouvrages dignes de figurer dans la bibliothèque des passionnés, actifs ou non, du monde de l’aviation de collection… ♦♦♦
Photos © F. Besse / aeroVFR.com
– Restauration des avions, par Nigel Stevens (3 tomes). Edités et diffusés par la Fédération RSA.