Fin de partie pour les souffleries S4, S5 et S10 à Toulouse.
Ces trois souffleries ayant appartenu au CEAT et ayant servi au développement de nombreux avions depuis des décennies ont été détruites durant le confinement, sur la colline de Jolimont à Toulouse. La parcelle de plus de 13 hectares est propriété de Toulouse Métropole. Le Centre aéronautique de Toulouse (CEAT) avaient déjà abandonné en 2000 leur utilisation, considérant que ce n’était pas son rôle de travailler en amont au développement de projets industriels, d’où l’attribution des installations à l’Onéra dans un premier temps puis à l’ISAE.
La soufflerie dite S4, avec sa chambre d’essai de 2 m x 3 m, a été utilisée pour le développement des Falcon et de l’ATR-42, sous la direction du CEAT. Cette soufflerie « basses vitesses » (jusqu’à 40 m/s) a été gérée à partir de 2002 par l’Institut supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE) pour des projets universitaires. Ainsi, en 2008, elle a été rénovée avec notamment une nouvelle chaîne d’acquisition et de pilotage à distance de la soufflerie. Puis son utilisation a été abandonnée.
La soufflerie S5, avec sa veine de 4,25 m de diamètre, était classée dans les souffleries subsoniques, permettant de simuler aérodynamiquement des aéronefs volant à un Mach plus faible que 0.6. Il était ainsi possible de souffler des drones ne dépassant pas 2.7 m d’envergure avec leur moteur en marche à une vitesse maximale de 250 km/h.
Durant la période d’exploitation par le CEAT, le plan de charge était d’environ 2.000 heures de fonctionnement annuel avec un personnel de moins de 10 personnes. Avec une mise à jour régulière en matière de motorisation, systèmes de montage de maquettes, chaînes de mesure, génération d’air pour la simulation de propulsion, la soufflerie S5 avait pour concurrence la soufflerie F1 de l’Onéra et celle d’Emmen (Suisse). La S5 a ainsi été utilisée pour le développement des Mirage 2000, Falcon, ATR-42 et Rafale.
Quant à la S10, il s’agissait d’une soufflerie orientée sur l’étude des profils, qu’il s’agisse de profils de voilures ou de pales d’hélicoptères et d’hélices. C’est là qu’ont été étudiés dans les années 1970 les profils utilisés sur les ATR-42, TBM-700, Cap-230.
Après l’incendie en octobre 2006 des installations de l’Institut Aérotechnique (IAT) à Saint-Cyr l’Ecole, ses souffleries S1 et S2 sont désormais à l’arrêt. Dans les souffleries industrielles dites « low cost » par rapport aux « grandes » souffleries de l’Onéra, il ne reste plus que celle du Centre d’études aérodynamiques et thermiques (CEAT) de l’université de Poitiers, associée à l’Ecole nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique (ENSMA). En ajoutant le Laboratoire Gustave Eiffel à Paris dont la veine est limitée à 30 m/s. ♦♦♦
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Editing : le 25 novembre 2020, suite à l’article ci-dessus, l’Onéra a tenu à nous préciser que « deux souffleries L1 et L2 du centre Onéra de Lille sont capables de fournir des prestations dites « low cost ». La soufflerie L1 construite en 1934 permet d’atteindre des vitesses de 75 m/s dans une veine de 2,40 m de diamètre. La soufflerie L2 permet d’atteindre 20 m/s dans une veine rectangulaire de 6 m x 2,40 m ».