Une méthode proposée par un moniteur fédéral de parapente, adaptable à d’autres disciplines…
Dès qu’il y a de l’énergie en jeu, il y a un risque. Les sports aériens, combinant énergie potentielle et énergie cinétique, n’y échappent pas, même ceux se pratiquant à faible vitesse et à basse hauteur. Ainsi, dans le domaine du vol libre (aile delta mais principalement le parapente), la FFVL enregistre en moyenne 15 décès par an avec 500 accidents déclarés dont 150 graves.
Ramené aux 28.000 et quelques licenciés, cela reste un chiffre trop élevé pour être acceptable. Car en valeur relative, c’est 1 décès pour 1.000 pratiquants par an et 1 blessé grave sur 100. Sur les 28.000 licenciés, 13.000 libéristes se forment ou se perfectionnent en école et sont peu sujets à accident. C’est moins le cas pour les 15.000 pilotes « autonomes ». D’où une politique mise en place ces dernières années avec notamment un réseau de 70 correspondants Sécurité et une prise de conscience au sein de la discipline.
Pratiquant le parapente depuis 2004, devenu par la suite moniteur fédéral, Jean-Marc Galan a ainsi constaté dès ses débuts dans la troisième dimension que des pilotes expérimentés connaissent des accidents. Il découvre alors qu’on lui a surtout enseigné la technique de pilotage mais très peu des facteurs non-techniques pourtant responsables de 80% des accidents.
Constatant l’absence de ressources permettant aux libéristes de se former aux facteurs non techniques (mental, maîtrise de soi, gestion du stress…), le chercheur au CNRS décide d’observer d’autres domaines liés à des risques, du sport à l’industrie, de la circulation routière au milieu médical. Il y découvre un « océan de savoirs » dont peu sont transposables directement au vol libre. Il faut trier, adapter, reformuler, vulgariser, recycler des « outils » venus d’autres activités. Ce travail entamé en 2011 s’est achevé en 2019 par cet ouvrage intitulé « Gérer les risques en parapente » car, activité non « normée » comme peut l’être l’aviation certifiée, il est préférable dans le milieu de parler de « gestion des risques » plutôt que de « sécurité »…
S’appuyant sur la théorie des plaques de James Reason – les tranches de gruyère dont il faut éviter que les trous soient alignés pour servir de filets de sauvegarde avant l’accident – chaque chapitre aborde un thème. Ceux concernant le pilotage, le matériel et le physique sont évidemment spécifiques au parapente, bien que les données sur la condition physique et les menaces associées (froid, altitude…) puissent concerner d’autres disciplines, comme le vol à voile.
Mais les chapitres Météo et Aérologie, Accidentologie, Relation à la communauté et Mental sont plus transversaux et susceptibles d’intéresser un plus vaste public, des activités aéronautiques aux sports de nature. Avec parfois des expériences réellement vécues, une analyse des différents risques est passée en revue avec les points à retenir. Il est également question d’apprentissage non formel, de retour d’expérience, de formation théorique, de bonnes pratiques, de l’importance du débriefing de ses vols, du partage entre pilotes – autant de notions nécessaires à l’élaboration d’une culture de… sécurité (pardon… de bonne gestion des risques).
La plaque Mental aborde l’anticipation, la gestion de la charge de travail, la gestion du stress, l’importance du renoncement, le lever de doute sans oublier les nombreux biais cognitifs qui peuvent influencer une prise de décision inappropriée. Au final, c’est une méthode que propose l’auteur sous le sigle SIGR pour Stratégie individuelle de gestion des risques afin que bien gérer les risques devienne un plaisir et non pas une contrainte. Une check-list à suivre avant le prochain vol est même proposée. Au final, un petit guide sur la gestion des risques agréable à consulter et utile à une meilleur prise en compte du trio plaisir-performance-sécurité. ♦♦♦
– Gérer les risques en parapente, une méthode et 40 compétences, par Jean-Marc Galan. Editions du Chemin des Crêtes, 220 p. 24 €
Pour aller plus loin dans le même domaine, le blog du collectif SecuParapente
Photo © Domaine de Déva/Wikimedia