Publication du Plan 2020-2024 de la sécurité de l’aviation civile par l’EASA.
Ce 20 janvier, l’EASA a mis en ligne son Plan pour la sécurité de l’aviation sur la période 2020-2024 (EPAS). Traitant de toutes les facettes liées de près ou de loin à l’aviation civile – de la gestion du trafic aérien aux menaces en cybersécurité en passant par les différents types d’aéronefs – ce document dresse un tableau de la sécurité pour l’aviation générale, en visant une « gestion des risques de manière proportionnée et efficace ».
Pour l’EASA, « au cours des dernières années, les accidents dans le domaine des avions légers de loisirs, c’est-à-dire des aéronefs non commerciaux dont la masse maximale au décollage est inférieure à 5.700 kg, ont enregistré en moyenne 86 morts par an en Europe (sur la base des chiffres 2008-2017, à l’exclusion des accidents mortels d’ULM, de planeurs et de ballons) » en faisant ainsi « l’un des secteurs de l’aviation où le nombre annuel de décès est le plus élevé. En 2018, il y a eu 49 accidents mortels causant 95 décès dans des opérations non commerciales avec des avions légers, et 16 accidents ayant fait 17 morts dans le domaine du vol à voile (la moyenne 2008-2017 est de 28,6 morts par an en Europe) ».
Pour l’EASA, l’année « 2018 semble montrer une amélioration pour les planeurs, et une détérioration pour les avions légers ». Mais « bien qu’il soit difficile de mesurer avec précision l’évolution des performances en matière de sécurité en aviation générale en raison du manque de données statistiques consolidées (par exemple, heures de vol accumulées), il est raisonnable de supposer que davantage d’initiatives et des efforts sont nécessaires pour atténuer les risques conduisant à ces décès ».
Après avoir dressé son auto-bilan en la matière (promotion de la sécurité notamment à travers des bandes dessinées Sunny Swift, mise en place d’un prix de la Sécurité, des ateliers de sensibilisation au « voir et être vu » mais aussi sur « la météo à basse altitude », une page Facebook « GA Safety Together »), l’Agence européenne entend mettre en place une « feuille de route » (Roadmap) version 2.0 pour l’aviation générale, en concentrant ses efforts « sur le renforcement du niveau de sécurité et une diminution des coûts grâce à l’innovation et à la technologie, et avec la mise en oeuvre de nouvelles règlementations ».
Parmi les actions clés listées :
– Améliorer la diffusion du matériel de promotion et de formation en matière de sécurité par les autorités, les associations, les compagnies aériennes et les organismes de réglementation, les clubs, les compagnies d’assurance, en ciblant les instructeurs de vol et/ou les pilotes et en créant une plate-forme de promotion de la sécurité,
– Soutenir l’introduction de nouveaux modèles commerciaux (par exemple les plates-formes de partage des coûts),
– Adapter les règles de conception et de production pour qu’elles soient mieux proportionnées aux risques,
– Apporter des informations dans les cockpits : météo, services d’information de vol (FIS) et données d’information sur le trafic. L’EASA annonce que cela « devrait progressivement être disponible dans tous les cockpits de l’aviation générale » (c’est le cas depuis des décennies aux Etats-Unis et l’information météorologique est capitale pour la sécurité des vols…).
– Soutenir la mise en oeuvre de règlements nouveaux ou modifiés.
Sur les 180 mesures d’action passées en revue dans ce Plan 2020-2024, certaines concernent ainsi l’aviation générale. En voici quelques-unes :
– Instruction en vol : élaborer du matériel de promotion de la sécurité visant à utiliser plus efficacement et à maximiser les avantages en matière de sécurité des vols lors du renouvellement de la qualification de classe avec des examinateurs et de la prorogation avec des instructeurs de vol, y compris les différences entre les types d’avions.
– Diffusion des messages de sécurité : améliorer la diffusion du matériel de promotion et de formation à la sécurité par les autorités, les associations, les aéro-clubs, les compagnies d’assurance, en ciblant les instructeurs de vol et/ou les pilotes par des moyens tels que des ateliers de sécurité et des journées/soirées de sécurité.
– Promouvoir la culture de sécurité : les Autorités devraient inclure des dispositions visant à faciliter et à promouvoir la culture de la sûreté (y compris la culture juste) en aviation générale
dans le cadre de leurs activités de gestion de la sécurité de l’État afin de favoriser des comportements positifs en matière de sécurité et encourager le signalement des événements.
Un chapitre aborde des sujets tels que les « compétences de pilotage, la sensibilisation des pilotes et la gestion des positions inusuelles ou des décrochages au décollage, en vol, ou pendant l’approche et l’atterrissage, la préparation du vol, l’interruption du décollage et la remise des gaz ». La perte de contrôle intervient grandement dans les accidents, parmi les 409 événements enregistrés entre 2015 et 2017, d’où la volonté de l’EASA de poursuivre ses actions dans ce domaine.
Les problèmes liés à l’environnement météorologique sont cités ensuite, avec « l’entrée en IMC, les conditions de givrage, le givrage carburateur et le mauvais temps ». Les conditions météorologiques constituent un facteur important d’accidents en aviation générale, les pilotes sous-estimant « les risques de changement des conditions météorologiques avant le décollage et pendant le vol, lorsque le temps se détériore. Le mauvais temps peut augmenter la charge de travail des pilotes et affecter la conscience de la situation et le pilotage de l’avion. La prise de décision peut également être compromise, car un biais de maintien du projet peut amener les pilotes à poursuivre leur route vers la destination prévue malgré des conditions météorologiques menaçantes ».
Sur ce point (Conscience des conditions météo de la part des pilotes), l’EASA entend « produire du matériel de promotion de la sécurité (vidéo) traitant de sujets tels que la sensibilisation aux conditions météorologiques, la préparation du vol, la gestion du vol et le débriefing, l’utilisation des services d’information de vol (FIS), l’intérêt d’utiliser des technologies modernes, notamment des systèmes d’information météorologique dans le cockpit (dont le GPS intégré), la communication avec le contrôle aérien (ATC), mais aussi sur entrée par inadvertance en conditions IMC, le TEM (gestion des erreurs et des menaces) ».
Pour promouvoir la pratique de l’IFR, l’EASA va lancer « une campagne de promotion de la sécurité pour faire connaître les résultats de groupe de travail RMT.0677 sur l’accès plus aisé au vol IFR afin de garantir que les avantages en matière de sécurité et d’efficacité se concrétisent dans l’ensemble de l’Europe et que la notation des instruments de base est largement adoptée en Europe ».
Parmi les risques pris en compte figurent les collisions en vol. Un groupe de travail planche sur les systèmes anticollision et de sensibilisation au trafic pour les aéronefs de moins de 5.700 kg ou qui transportent moins de 19 passagers. « Cette tâche comprendra une étude d’impact approfondie visant à évaluer le rapport coût-bénéfice des systèmes anticollision, ainsi que des systèmes destinés à améliorer la connaissance de la situation du pilote ».
Les risques durant la gestion du vol sont également analysés (problèmes de navigation, gestion carburant, connaissance du relief et des obstacles, atterrissages forcés). La plupart de ces accidents sont « le résultat des actions du pilote, y compris les décisions prises lors de la préparation du vol, ou en raison de changements de circonstances pendant le vol. Les décisions des pilotes, y compris leur capacité à établir des priorités, la charge de travail, affectent la sécurité de l’avion et la survie de ses occupants ». L’EASA poursuivra ses actions dans ce domaine, déjà entamées avec le précédent plan de sécurité. ♦♦♦
Lien vers L’European Plan for Aviation Safety (EPAS) 2020-2024.