Saison 2, épisode 4 : le baron vise Le Cap au départ de Tananarive soit 4.900 km mais les orages d’été en Afrique du Sud l’attendent…
Retour à l’épisode 3.
Episode 4 : Tananarive-Le Cap ou du tourisme aérien « version années 1930 » chez les grands fauves avec les orages d’été…
Après quatre jours à Tananarive, l’équipage quitte le terrain d’Ivato (ci-dessous en 1937) après que la météo leur ait conseillé de se dépêcher pour franchir avant le mauvais temps les montagnes du Mozambique.
En effet le baron veut se rendre à Livingstone pour y admirer les chutes du Zambèze, chutes Victoria aussi célèbres que les chutes du Niagara. L’avion traverse l’ile et se pose à Andradiavelo pour vérifier les prévisions météo puis traverse les 500 kilometres d’eau du canal de Mozambique vers le terrain de Lumbo. L’équipage pense qu’il est à la merci d’une rupture de canalisation, d’un joint défaillant, d’un écrou qui se dévisse ou d’un fil qui casse. Tout se passe bien malgré le plafond bas et le zig zag obligatoire entre les énormes cumulonimbus. L’avion atterrit sous la pluie à Lumbo. L’équipage n’obtient aucun renseignement météo sur la suite du parcours car aucun avion de ligne ne l’effectue… Il doit se contenter de suivre le conseil des pilotes d’Air Afrique : ne jamais rester en l’air après deux heures de l’après-midi.
En atteignant le fleuve Zambèze, le moteur se met à faiblement gémir puis à grogner. Le pilote inquiet examine le terrain : forêts, eaux, rochers dans un désert de présence humaine. Les indications des instruments sont normales. Il poursuit le vol à la meilleure altitude. Après une demi-heure d’angoisse, l’équipage aperçoit la petite ville portugaise de Tête (photo ci-dessous de nos jours). En approche, le moteur vibre fortement et a des ratés. Au sol, Ivernel diagnostique la panne et change un joint d’échappement fendu.
L’avion décolle vers midi et survole un paysage magnifique. Dans l’après-midi, le baron pose l’avion sur l’aérodrome de Livingstone, proche des chutes. L’équipage amarre l’avion sous un soleil brulant et va contempler les chutes Victoria…
De Livingstone, le Baron se dirige vers le parc animalier Kruger, paradis des grands fauves. Il décolle vers Bulawayo puis se pose à Pietersburg, aérodrome douanier avec l’Afrique du sud alors anglaise. Ci-dessous, un Ju-52 faisant le plein devant l’aérogare de Pietersburg en 1937…
Il fait très chaud et l’avion a du mal à franchir les cols à 2.500 m d’altitude avant de se poser à White River, village proche du parc Kruger. Le baron a du mal à trouver un semblant de piste herbeuse en pente où il brise une nouvelle fois la fourche de roulette de queue de l’appareil. L’équipage rejoint en voiture un campement à l’intérieur du parc et, levé à 5h00 du matin, se balade entre les lions, les éléphants et les hippopotames.
Ci-dessous, la pente herbeuse près du parc Kruger devenue aujourd’hui lieu de rendez-vous des avions légers.
Le surlendemain, le baron décolle et met le cap sur… Le Cap. Premier arrêt à Bloemfoutein, « la fontaine aux fleurs » après un survol de paysages qui pourraient se situer dans le sud de l’Allemagne. Le terrain de Bloemfoutein abritait en 1938 une cinquantaine d’avions de tourisme basés. Le paysage de plateaux devient ensuite pierreux et désertique. Le baron rencontre de gros cunimbs et survole De Aar à trois heures du Cap. Le ciel devient tout noir. Il trouve un couloir entre les masses nuageuses mais le couloir se rétrécit et enferme l’avion Il faut d’urgence faire demi-tour et rejoindre le petit terrain de De Aar à travers des éclairs et des pluies torrentielles.
L’équipage y arrive un peu avant l’orage, amarre l’avion et grimpe dans une voiture. Le baron se remémore le nom portugais du Cap – « Cabo tormentoso » ou le cap des tempêtes. Le lendemain au petit jour l’équipage découvre un avion intact sauf pour la toile du plan fixe qui a été déchirée. Ivernel la répare et apprend que l’avion de ligne a été la veille foudroyé a mi-distance entre De Aar et le Cap. Le décollage doit être fait au plus vite pour arriver à destination avant la formation d’orages.
On embarque les valises… Le baron commence le roulage et l’avion s’enlise dans la boue d’un déluge arrivé après une sécheresse de six mois. Les spectateurs aident à pousser le Vega en le faisant pivoter de droite à gauche vers l’extremité du terrain un peu surélevée. Ivernel démonte les carénages de roue et plein gaz l’avion roule… La vitesse augmente entre les plaques boueuses qui le freinent et les 110 km/h sont atteints peu avant la limite de la piste.
Ci-dessus, l’aérodrome de De Aar est toujours de nos jours peu fréquenté et boueux…
L’avion quitte le sol vers midi et le ciel immaculé du matin se charge en gros nuages qui coiffent les sommets des nombreux pics rocheux du parcours. Foucaucourt est inquiet. De nombreux rabattants entraînent par moment l’avion vers le bas. Volez au moins à 5.000 m lui avait-on dit. Impossible aujourd’hui avec à peine 2.000 m de plafond. Enfin il aperçoit au loin la montagne de la Table qui balise Le Cap et le soleil accueille l’équipage à son arrivée au terrain de Wingfield, aérodrome du Cap où le Vega Gull se pose et roule au milieu d’une multitude d’avions de tourisme pour atteindre un hangar où passer plusieurs nuits. ♦♦♦ Jean-Philippe Chivot
Ci-dessous, l’aérogare Wingfield du Cap après la pluie en 1937.
Iconographie via l’auteur
Demain : Episode 5 ou la remontée de l’Afrique par le désert aéronautique de l’ouest et l’accident au décollage du Vega…