Saison 2 des aventures du baron de Foucaucourt ou l’aviation légère dans les années 1930 avec un Percival Vega Gull…
Après la saison 1 – qui avait vu le baron de Foucaucourt réaliser un tour d’Europe en 1937 aux commandes de son Vega Gull – voici la saison 2 en 6 épisodes… Une plongée dans l’aviation de tourisme des années 1930 qui n’était pas à la portée de tout le monde.
Episode 1 : Monsures-Le Bourget-Alger, la préparation du tour
Episode 2 : Alger-Zinder-Malakal-Juba, tempête de sable et posé dans le désert…
Episode 3 : Juba-Mozambique-Tananarive, posé avec perte de la roulette arrière, quelques aventures en mer et posé en brousse
Episode 4 : Tananarive-Le Cap, et les orages d’été en Afrique du sud
Episode 5 : Le Cap-Loanda-Foumban, avec la casse du Vega Gull au décollage du Tchad
Episode 6 : Foumban-Alger par les lignes commerciales de 1938
Episode 1 : Le Bourget-Alger, préparation du tour d’Afrique
Le Vega Gull a quitté le terrain d’Amiens-Monsures (photo ci-dessous) pour rejoindre dans un premier temps l’aéroport du Bourget.
Le 17 janvier 1938, le baron et sa fidèle épouse et navigatrice aérienne diplômée décollent du Bourget pour Genève puis Marseille. Le temps est correct en faisant le tour du Massif central. Pourtant Louise-Marie est lasse de ces voyages en avion, surtout en Afrique française où elle a accompagné son mari plusieurs années de suite. Ils atteignent Marseille au soir du 17, Marseille que la baron à prévu de quitter tôt le lendemain pour une traversée vers Alger sans escale, soit 6 heures de vol.
Départ de Marseille avec 300 litres d’essence le 18 janvier à 10h30, arrivée à Alger-Maison Blanche vers 16h00 après être passé au-dessus de la couche en Sardaigne avant de percer sur la mer avant la côte d’Afrique…
Le terrain de Maison Blanche, bien que point de départ des lignes commerciales d’Afrique, était encore tout petit au début de 1938.
Face à la fois à la lassitude de Louise-Marie, à la nécessité d’avoir de l’aide pour piloter le Vega Gull dans le mauvais temps et pour solutionner les inévitables problèmes dus au moteur ou à la cellule, le baron a cherché un copilote parmi ses connaissances. Foin de ses relations mondaines dans le milieu de l’aviation, il avait ainsi pressenti Robert Ivernel, un jeune pilote instructeur tout aussi passionné que lui, qui oeuvrait comme chef-pilote à la section Aviation populaire de l’aéro-club de Reims. Celui-ci devait le rejoindre à Alger où la décision définitive devait être prise. Son aide était d’autant plus nécessaire que Foucaucourt n’avait pas une excellente vue pour un pilote…
Avant le départ, Foucaucourt avait amassé toute la documentation disponible en 1937 pour une telle aventure. Une valise contenait les cartes. Celles-ci dans le désert prenaient la forme de croquis. On y lisait des remarques intéressantes telles que « Région non parcourue, brousse désertique, sable sans eau ». Des erreurs de vingt ou trente kilomètres y figuraient.
Le second paquet concernait les aérodromes dont la base était les « Air Route Schedules » de Shell ou le guide Michelin. Exemple ci-dessous…
Les détails croustillant n’y manquaient pas : « Termitières sur le terrain, baobabs en bordure, ressources mécaniques : forgeron indigène au village, télégraphe à 100 km, terrain formant marigot, village dépeuplé dont le chef est aveugle, moyens de transport : pirogues ». On pouvait ainsi lire de tels textes…
On trouvait ensuite les renseignements météo. Les documents mêlent notes et prévisions de l’ONM (devenu Météo-France) et du Met Office dont les termes pour l’Afrique sont souvent pittoresques : « Rainfall takes the form of intense torrential showers. Haboobs (vents de sable) should be treated with the utmost respect » (Les pluies prennent la forme d’intense averses torrentiels. Les Haboobs doivent être traités avec le plus grand respect). Figuraient enfin dans une dernière valise les autorisations administratives et diplomatiques, les renseignements sur les ressources des villes et villages, et sur le climat et ses dangers.
L’avion embarque à Marseille, dans sa vaste soute et sur les places arrière, tout l’attirail nécessaire au voyage : huile, outillage, pièces de rechange et cordages, manteaux, couvertures, eau et vivres, valises diverses et matelas pneumatiques qui serviront en mer de bouée de sauvetage et de lit dans le désert. Lors de son séjour d’une dizaine de jours à Alger, Foucaucourt annonce à sa femme qu’en définitive il va faire son tour d’Afrique avec Robert Ivernel qui arrive par Air France. Au petit matin du 9 février 1938, Louise-Marie les conduit à Maison Blanche. On convient de s’envoyer un télégramme par semaine dans les deux sens. Ivernel vérifie l’huile, le plein d’essence (200 litres hors réservoirs supplémentaires) et les voila partis plein sud dans la pureté d’un ciel matinal sans nuages… ♦♦♦ Jean-Philippe Chivot
Iconographie de l’auteur
Demain : Episode 2 avec Alger-Juba soit 6.700 km pour rencontrer le Sahara mondain et une tempête de sable…
Ci-dessous, la carte des différents épisodes de ce périple aérien.