Un parcours repensé pour la Grande Galerie du musée de l’Air et de l’Espace au Bourget dont l’entrée redevient payante à la mi-décembre…
Ces dernières années, le musée de l’Air et de l’Espace au Bourget a lancé plusieurs chantiers (rénovation des bâtiments et restauration des collections) en vue d’améliorer son attractivité auprès du public. Ce programme de rénovation a été permis par un accord signé fin 2011 entre le ministère de la Défense – le musée est un établissement public (EPA) sous tutelle du ministère des Armées… – et le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) portant sur un mécénat global de 26,5 millions d’euros, dont 5 millions venant des principales sociétés regroupées au sein du GIFAS.
Ce programme d’amélioration n’est pas encore achevé puisque devant se dérouler jusqu’en 2024 avec « l’ouverture de nouveaux halls, d’un planétarium numérique et d’un centre de conservation et de restauration des collections ». Parmi ces multiples étapes du programme, figurait le réaménagement de la Grande Galerie. Celle-ci constitue le « coeur » du musée avec des machines des débuts de l’aviation, avec notamment des appareils uniques liés aux pionniers de l’aéronautique en France, quand le pays servait de creuset à cette nouvelle invention…
Avec un chantier devant s’achever initialement fin 2018 pour être en phase avec les commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale et une exposition sur trois aviateurs de la Grande Guerre fin de l’année dernière, c’est finalement fin 2019 que le projet s’est achevé – restant cependant en phase avec un autre événement, les 100 ans du musée fêtés dernièrement avec un meeting au Bourget – la nouvelle Grande Galerie devant être ouverte au public le 14 décembre 2019.
A compter de cette date, l’entrée des visiteurs se fera par la salle des Huit Colonnes, rénovée et inaugurée en 2013 après 18 mois de travaux. Cette salle est l’entrée de l’aérogare telle que voulue par l’architecte Georges Labro, pour ce bâtiment réalisé à l’occasion de l’Exposition universelle de 1937 et inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1994. Ce hall d’entrée servira également désormais de cadre à des expositions d’artistes contemporains.
Cet exemple de l’architecture Art déco offre une immense verrière, ses colonnes et son sol en damier noir et blanc étant caractéristiques du style des années 1930. Une horloge monumentale, encadrée de douze pendules, affiche comme à l’époque les heures des différents fuseaux horaires du monde entier. C’est par l’ancien hall des arrivées et des départs des lignes aériennes que les visiteurs débuteront désormais le nouveau parcours consacré aux pionniers de l’air et à la Première Guerre mondiale.
L’aménagement de la Grande Galerie a été revu avec pour chaque aile une thématique, l’aile nord pour les pionniers et l’aile sud pour la Grande Guerre. Le parcours est identifié par des enseignes lumineuses et deux « ambiances distinctes » – « une atmosphère légère, joyeuse, aérienne » pour les débuts de l’aviation avec un espace qui « donne la part belle aux courbes et s’imprègne de touches de couleurs lumineuses, dans des tons bleutés et dorés » et au contraire, « des angles plus aigus, des formes plus fragmentées, de l’anthracite et du rouge-orangé » pour « une atmosphère volontairement plus sombre et contrastée » pour la Première Guerre mondiale, précise l’argumentaire.
Le projet architectural visait à « remettre en état et de redonner ses volumes d’origine à l’aérogare tout entière », avec 233 m de long pour 40 m de large et 12 m sous plafond, soit une surface de 4.000 m2. Les différentes passerelles prévues auparavant pour faciliter la visite mais créant un « espace muséographique encombré, peu lisible » ont été déposées. Seule subsiste la coursive supérieure devant donner aux visiteurs un autre angle de vue. Les « dispositifs de médiation » vers le public, non visibles sur les photos de presse, se veulent « légers et discrets ».
L’objectif des travaux a ainsi consisté à « dégager à nouveau tous les volumes qui avaient été occultés, à retirer le superflu pour revenir à l’essentiel : une architecture des années 1930 aux lignes pures, aux couleurs claires (tons blancs, écrus), aux perspectives larges et dégagées », précise l’atelier Gorka Piqueras en charge de la rénovation architecturale de l’aérogare, des façades et de la tour de contrôle. La scénographie imaginée par l’agence Scénographia a pour objectif de montrer l’aérogare comme une oeuvre à part entière et servir d’écrin aux collections d’une grande diversité aéronefs, peintures, faïences, bijoux, affiches, objets d’art).
Ainsi pour retrouver « l’aérogare historique du Bourget » telle qu’utilisée encore par des voyageurs jusqu’aux années 1970 se veut à nouveau « vaste et lumineuse » (les vélums masquant les verrières zénithales ont été supprimés) avec une muséographie « rajeunie », qui se veut « épurée et ouverte ». D’où la disparition des nombreux appareils suspendus aux plafonds – avec la prise en compte des risques… – et l’exposiion de vingt appareils au sol ou posés sur des supports bas (2,50 m de hauteur) et légers, mis à part quelques planeurs suspendus aux poutres. Les dioramas précédents (Breguet XIV, Voisin…) ont disparu.
Parmi les 407 objets exposés dans la Grande Galerie, des nouveautés sont annoncées comme la nacelle du ballon dirigeable « La France », avec ses trois éléments assemblés pour la première fois : la nacelle, le gouvernail et une hélice de 7 m, le tout mesurant 33 m de long. Autres nouveautés : des nacelles de dirigeables, des affiches, des tenues de vol, des tableaux ou des objets d’art.
Le Spad VII « Le Vieux Charles » de Georges Guynemer ne sera pas exposé dans un premier temps. Dernier exemplaire des nombreux chasseurs à bord desquels a combattu l’as aux 53 victoires, cet appareil a connu, au début des années 1980, une restauration visant à conserver son entoilage original endommagé. Un doublage de la toile a alors été réalisé mais quarante ans plus tard, ceci nécessite une nouvelle intervention avant sa remise en exposition.
Ce chantier prévu pour être achevé avant 2024 sera réalisé dans un espace aux conditions climatiques compatibles avec l’état de la structure tout en permettant au public de suivre l’avancée des travaux. A noter qu’un nouveau centre de conservation et de restauration de 10.000 m2 est prévu à Dugny, à l’opposé du musée par rapport à la piste 03-21. Il aura pour objectif de mieux conserver des avions de grande taille (Constellation, Caravelle…) dont l’état se dégrade depuis de nombreuses années sous les intempéries… le musée voulant désormais faire de ce centre une « référence
dans le domaine de la conservation du patrimoine technique, scientifique et industriel » en complément d’une réserve dédiée aux « petits formats » prévue côté Bourget.
Parmi les nouveautés, figure la tour de contrôle de l’aéroport de Paris-Le Bourget, remise en état. Sur le tarmac, sont toujours présentés quelques appareils dont certains peuvent être visités (Concorde, Boeing 747 avec prochainement l’accès à l’A380 arrivé au Bourget fin 2017 et à un Transall). Un nouvel avion devrait être ouvert à la visite tous les deux ans
Le musée compte pour son développement sur l’arrivée du Grand Paris Express (avec la station de métro de la ligne 17 devant le musée) et la tenue des Jeux olympiques de Paris en 2014, le centre des médias des JO devant s’installer à proximité immédiate du musée. La direction du musée espère ainsi générer un « afflux de visiteurs et un gain de notoriété » pour viser, à partir de 2025, une fréquentation de 500.000 visiteurs annuels contre 195.000 pour l’année 2018.
Une programmation culturelle a été définie de 2020 à 2024 avec des expositions temporaires alternant les thématiques Aviation et Espace en visant des co-productions internationales. Sont ainsi prévus :
– 2020 : Nungesser et Les Drones (avec le soutien de l’armée de l’Air)
– 2021 : Space Explorer (co-production franco-allemande, avec Universum à Brême)
– 2022 : Les Années folles de l’aviation et une exposition dédiée au Japon (partenariat avec le Musée de l’aviation de la province de Gifu au Japon)
– 2023-2024 : Saint-Exupéry et son univers (partenariat avec l’armée de l’Air et la Fondation Saint-Exupéry pour la Jeunesse)
Dans la « feuille de route » validée par le ministère des Armées en juin dernier, sous la forme d’un « contrat d’objectifs et de performance » figurent encore une réfection du tarmac, un nouveau planétarium numérique de 130 places (indépendant du musée pour son accès), la rénovation des halls A et B, un espace multimédia interactif (simulateurs animations en réalité virtuelle), une médiathèque (500.000 photos, 47.0000 ouvrages, 2.000 titres de périodiques), un restaurant haut de gamme. en complément de la restauration rapide déjà proposée.
Si l’ouverture au public de la Grande Galerie sera gratuite lors du week-end des 14-15 décembre, dès le mardi 17 décembre (le musée est fermé le lundi), l’entrée – après de nombreuses années de gratuité – redeviendra payante, proposée à 16 euros pour le musée et la visite des avions. ♦♦♦
Photos © Axel Ruhomaully/Musée de l’Air et de l’Espace