Retour sur son lieu de naissance d’un unique prototype…
Le Morane-Saulnier MS-760 Paris, dont le premier vol remonte à 1954 (il y a 65 ans !), est bien connu, notamment pour avoir été l’un des premiers jets d’affaires au monde, en avance sur son temps. Il sera finalement essentiellement utilisé par l’armée de l’Air comme appareil de liaison, construit à 157 exemplaires de 1956 à 1962. Ce quadriplace a été développé à partir du MS-755 Fleuret, un biplace côte à côte concurrent malheureux d’un marché remporté par le Fouga Magister, à la disposition du cockpit en tandem.
Le constructeur de Tarbes ne s’arrêtera pas à cette version, développant d’autres évolutions du quadriplace dont le Paris II remotorisé et équipé de réservoirs marginaux. L’appareil devait répondre aux remarques de la clientèle potentielle nord-américaine, recueillies lors d’une tournée commerciale lebée en 1955, à savoir un fuselage rallongé pour accueillir 4 passagers avec cabine pressurisée et porte latérale rendant l’accès à bord plus aisé.
Après le décès de son concepteur, l’ingénieur René Gauthier, en 1956 et par suite de difficultés financières, le Paris III reste à l’état de projet jusqu’au début des années 60. Le programme est finalement lancé à la faveur de la reprise des établissements Morane-Saulnier par Henry Potez. Le prototype effectue son premier vol le 28 février 1964, à partir du terrain de Tarbes. L’équipage est constitué de Lucien Colomes, pilote et Jean Burolleau, ingénieur navigant.
Après la cession de Morane-Saulnier à Sud Aviation en 1965, le programme Paris III est abandonné au profit d’un autre projet de jet d’affaires. L’unique prototype connaît alors une carrière comme avion de liaison. D’abord au sein de Sud Aviation, qui devient Aerospatiale en 1970, où le MS-760C sert de navette entre Toulouse, le centre d’essais en vol d’Istres et les sites britanniques du programme Concorde. Les pilotes d’essais André Turcat, Jean Pinet, Gilbert Defer et bien d’autres se relaient ainsi à ses commandes pour faire avancer l’aventure à une époque où les visio-conférences relèvent encore de la science-fiction.
Après son utilisation par la division Hélicoptères d’Aerospatiale à Marignane, l’avion est finalement cédé en 1983 à Euralair, compagnie alors présidée par Alexandre Couvelaire. Partenaire du programme TBM à la fin des années 1980 (TBM pour TarBes et Mooney, constructeur américain alors propriété du groupe Couvelaire), Alexandre Couvelaire a confié le soin de restaurer ce « maillon de l’évolution de l’aviation d’affaires » à l’association Héritage Avions Morane-Saulnier.
C’est ainsi que ce 19 septembre, le Morane-Saulnier MS-760C Paris III, est arrivé sur le site de Ditech (Développement de l’industrie dans les territoires en faveur de l’emploi et des compétences dans les Hautes-Pyrénées), à Lannes, lieu symbolique puisque le site jouxte les pistes de l‘aéroport où cet avion a effectué son premier vol il y a 55 ans. L’arrivée du biréacteur de deux tonnes s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre l’UIMM Occitanie Adour-Pyrénées, le site Ditech du Pôle Formation Adour et l’association.
L’association dispose ainsi d’un site pour préserver cette pièce unique du « patrimoine aéronautique du plus vieil avionneur encore en activité », successivement Morane-Saulnier, Socata et aujourd’hui Daher. Pour le centre d’apprentissage de Ditech, l’appareil va permettre aux élèves de mettre en pratique leurs connaissances au travers du chantier de remise en état du jet d’affaires. ♦♦♦
Photos © Heritage Avions Morane-Saulnier