Le pilote de chasse Charles Godefroy passe sous l’Arc de Triomphe pour « venger » l’aviation.
Le 14 juillet 1919, à l’issue de l’armistice de la Première Guerre mondiale, un défilé militaire baptisé le Défilé de la Victoire est organisé à Paris, sur les Champs-Élysées. Mais le commandement a décidé que toutes les armes défileraient… à pied, aviateurs compris. Réuni auparavant au Fouquet’s, restaurant implanté sur les Champs-Élysées, un groupe de pilotes souhaite que l’arme aérienne soit correctement saluée, avec la décision de faire passer un avion… sous l’Arc de Triomphe pendant le défilé pour rappeler l’apport de la chasse à la victoire des Alliés.
Un pilote est retenu, Jean Navarre, l’as aux 12 victoires, mais ce dernier se tue le 10 juillet lors d’un simple vol d’entraînement. Est alors choisi Charles Godefroy. Passé de l’infanterie à l’aviation en septembre 1917, ce dernier s’est fait remarquer par ses compétences de pilote au point de devenir rapidement instructeur.
Connaissant bien le journaliste Jacques Mortane, le pilote se rend plusieurs fois au pied de l’Arc de Triomphe pour y noter l’écoulement et la trajectoire idéale. Pour parfaire son entraînement, il s’entraîne en passant sous un pont à Miramas. Jacques Mortane doit filmer le passage sous l’Arc de Triomphe. Les deux hommes préparent le projet dans le plus grand secret mais ce dernier n’est finalement pas réalisé le jour du défilé militaire.
Ce n’est que le 7 août 1919, tôt le matin, que ce passage sous le monument parisien sera effectué. Charles Godefroy a décollé de Villacoublay aux commandes d’un Nieuport 11, dit « Bébé » par sa taille (9 m d’envergure pour une arche de 15 m de largeur), un chasseur biplan motorisé par un Gnome et Rhône de 120 ch. Venant de l’ouest parisien, il fait le tour de l’Arc de Triomphe avant de prendre une trajectoire l’amenant à passer sous l’arche.
A une dizaine de mètres de hauteur, le biplan passe près d’un tramway, jetant au sol quelques passagers ou piétons surpris par ce passage aérien hors norme. Après avoir descendu les Champs-Élysées jusqu’à la place de la Concorde, le pilote fait demi-tour pour revenir à Villacoublay. Ce vol matinal n’a pas été remarqué.
Jacques Mortane et d’autres photographes ou cinéastes ont enregistré la scène. « L’exploit » fait la Une des journaux. Le préfet de police fait interdire la projection des films pour éviter d’autres passagers. Le nom du pilote ne tardera pas être connu. Il est convoqué mais pour recevoir un simple avertissement. Pour Charles Godefroy (1888-1958), ce sera son… dernier vol avant un retour à la vie civile. ♦♦♦
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